Psycho-Pratique

Je pense donc je fuis, comment gérer ses pensées

Bonjour à tous,
« Je pense donc je suis »… Vous connaissez  peut être cette citation où Descartes affirme qu’il est un être puisque pensant. La fameux cogito ergo sum de Terminale exprime le fait que notre être soit défini, assuré d’exister par la pensée:  » Je pense, donc j’existe ».
 
 
Mais connaissez vous celle-ci « Je suis ce que je pense »? Non? Pourtant nous l’appliquons plus souvent qu’on ne l’imagine. Explication:
Ne vous est-il pas arrivé de regarder un film, d’entrer dans l’histoire et réagir comme si vous étiez ce personnage? Vivre, ressentir, penser ce qu’il ou elle pense et ressent sur l’écran de cinéma voire même vous exprimer avec colère « mais non, elle ne peut pas lui faire cela », « mais vas y, dis lui oui! ».
Ou encore conduire sur l’autoroute en réfléchissant quelle sortie vous devrez prendre, « Nord? oui mais si je prends par le sud cela va m’éviter de traverser la ville, en plus à cette heure s’est chargé….le problème c’est que la sortie nord est en travaux…. » et vous ratez l’embranchement de l’autoroute et vous retrouvez dans le sens opposé.
 
Ces exemples illustrent ce que l’on appelle la fusion cognitive, cet état où nos pensées nous guident et prennent littéralement tout l’espace de notre concentration. Comme vous venez de le voir, la fusion, si elle a parfois du bon, peut aussi parfois  nous éloigner de ce qui est important pour nous.
 
 
 
La fusion cognitive peut même être si handicapante qu’elle est la raison majeure de certains troubles psychologiques comme les TOC, l’anxiété généralisée ou encore la dépression. Dans ce cas nous sommes accrochés d’une manière tellement forte avec des pensées tellement toxiques que celles-ci prennent le contrôle de nos actes : nous confondons alors pensée et réalité.
La fusion est donc lorsque les mots ne sont plus que des mots… petit exercice:
 

Lisez cette phrase:

 
Je vais jouer au loto et je vais devenir millionnaire
Essayez de croire très fortement en cette phrase. Avez vous plus de chance de gagner au loto avec cette pensée? Évidemment non.

Maintenant lisez celles-ci:

« Je suis nul(e) »
« Je suis inutile »
« Personne ne m’aime »
« Je ne peux rien faire »
 
 
 Remarquez le pouvoir de ces mots. Cette fois-ci avez vous plus de chance d’agir convenablement? Probablement pas.
Les mots ne sont ainsi pas que des mots, les pensées pas de simples pensées. Et pourtant.

Mais pourquoi les pensées négatives ont-elles plus d’effets que les pensées positives?

Parce que 400 millions d’années d’évolution. En effet, entre cet Australopitheque qui prend toujours le bon côté des choses et pense positivement et celui qui voit le mal partout et est sensible au négatif, lequel a survécu? Lequel a su anticiper cette attaque de  Lion? Le second évidemment.
 
Mais aussi parce qu’elle s’auto entretiennent. En effet et simplement, « je suis nul », je tremble, je rate « donc.. je suis nul »
Cela s’appelle également une prophétie auto réalisatrice, puisque je le dis, je le fais.C’est un peu comme si l’on programmait verbalement notre cerveau à réagir de cette manière.
 
Inutile de développer, vous avez certainement compris, comme le revers d’une  médaille notre langage est notre plus bel outil, notre plus beau piège.

Qu’est ce que la défusion?

 
La défusion consiste à redonner à nos pensées ce simple statut de pensées, non de réalité. En effet, notre tête nous fournit des milliers de pensées chaque jour et vous avez pu observer que vous ne les suivez pas toutes (mais bien certaines ;-). C’est ainsi redonner cette possibilité de prendre de la distance avec ces pensées et ainsi choisir d’agir vers ce qui  est important pour soi plutôt que de lutter contre ces pensées qui nous enferment.
Mais d’ailleurs avez vous déjà essayé de faire fuir ces pensées?

La défusion n’aide pas à faire disparaitre ces pensées

  Effectivement, plus l’on cherche à ne pas penser à quelque chose, plus l’on se dit « mais non tu n’es pas si nul(le) », que se passe-t-il? Oui, la pensée revient. Toujours. De multiples expériences ont montré que plus l’on cherchait à fuir ses pensées plus celles-ci revenaient. Une vaine lutte donc. Si vous n’êtes pas convaincus testez l’exercice à la fin de cet article : Les troubles du comportement alimentaire
 

Alors que faire?

Ainsi, la défusion va permettre de créer un espace entre ces mots et nous même, cette partie de vous qui observe. La position d’observateur est une position centrale en ACT (si vous ne savez ce qu’est l’ACT, lisez ceci, Qu’est ce que l’ACT? ) et en pleine conscience. Observer c’est ne plus être collé et ainsi pouvoir d’agir comme vous le souhaiteriez et non comme cette pensée vous l’imposerait.
 
  L’ACT étant une thérapie d’apprentissage je vous propose d’apprendre cette flexibilité afin de vous permettre de décrocher. Et comme le dirait si bien Descartes:
« Résiste! Prouve que tu existes!
 Commencez par prendre votre pensée la plus noire, la plus accrocheuse. Celle qui, lorsque vous êtes accroché, vous emmène loin de ce qui compte. Pas d’idée? Pas de problème, je fournis…..la plus classique « je suis nul(e) ».
 

Premier exercice:

« Ma tête me dit que. Utilisez cet artifice de langage et faites le précéder vos pensées. Exemple :
« Je suis nul(le) »
Ma tête me dit que « je suis nul(e) »
Alors? Quel effet ça fait?

Second exercice:

Nos pensées sont souvent accrochées à une émotion négative. Voici un petit exercice pour décrocher l’émotion du mot:
Prenez donc votre pensée la plus toxique ou prenez la pensée « test » et répétez là pendant trente secondes:
« je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) »…..
Alors? essayez également la même chose en changeant de ton, prenez la voix de personnage de dessin animé ou chantez là!
 
Je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) » « je suis nul(e) »…..

Dernier exercice:

 
 Imaginez que votre dialogue intérieur est comme une radio.
Ainsi, de la même façon que nous entendons la radio sans pour autant l’écouter, observez que certaines informations sont utiles d’autres non. Lorsque vous observez une pensée/information inutile considérez là comme de la publicité inopportune et vaquez ici et maintenant et avec vos 5 sens à ce qui est important pour vous.
 
Voici pour ce mois-ci. J’espère une nouvelle fois avoir été assez clair et avoir pu vous transmettre un peu de cette approche ACT.
Bonne pratique !

YD

Psychologue aux multiples influences je base ma pratique de prise en soin sur la thérapie d'acceptation et d’engagement, la psychologie positive ainsi que les thérapies cognitivo-comportementales. En institution, en cabinet de ville, en formation professionnelle ou encore en tant que Blogueur ma vision de la personne en souffrance est bien celle d'une personne non pas "malade" mais plutôt "coincée": En devenir. C'est ainsi à travers une pratique mêlant psychologie, philosophie, humour et métaphores que je voue mon activité professionnelle à aider la personne à avancer vers ce qui compte pour elle.

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