Psycho-Philo

Mettez du Rock n’ roll dans votre vie !

Bonjour à toutes et à tous,

j’aimerais, ce mois-ci, vous parler d’un de mes ingrédients secrets susceptible de rendre nos vies plus étincelantes: Le Rock n’ Roll.

En effet, cet article m’a une fois de plus été inspiré par une séance avec un de mes patients joueur de guitare et de bon vieux Rock n’ Roll. Merci à lui… car la psychothérapie ça ressemble aussi à ça (et je ne vais pas que me faire des amis parmi mes collègues mais j’assume)… Let there be rock!!
 

 



Où parfois dans la vie il faut prendre son courage à deux mains et affronter ce fameux Biff Tannen pour changer ses habitudes de vie.


Cela m’a également permis de mettre et remettre au goût du jour ce qui m’a fait embrasser la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT) : Son Rock n’ Roll Friendly.

Rock n’life


En effet, je me souviendrai toujours, un samedi matin en TD à la faculté de psychologie, le jour où j’ai fui la psychanalyse et ai quitté ces études avant de les reprendre bien plus tard. Je cherchais une approche qui respire la vie, une approche capable d’insuffler le goût de la vie à des personnes en ayant perdu le sens. La psychanalyse (pour moi) n’était pas assez Rock n’ Roll et le Rock n’ Roll c’est la vie.


L’ACT est ainsi une thérapie où tout est possible, tout est réalisable. A une seule condition  que cela marche ; que cela aide la personne à avancer vers ce qui compte pour elle. 

Mais qu’est-ce que le Rock n’ Roll ? Et qu’est-ce Chuck Berry viendrait faire dans une salle de psy où selon la représentation populaire on y pleure plus que l’on y rit?

C’est ce que je vous propose d’explorer ce mois-ci.

Le Rn’R est donc une musique née aux USA dans les années d’après guerre et dont Elvis Presley et Chuck Berry sont l’une des premières emblèmes.

Le Rn’R est ainsi une forme de rébellion contre l’ordre établi, une rébellion contre la pression sociale à l’encontre des individus . C’est ainsi une vision libertaire de la vie.

En ce sens, sa définition même colle avec ma façon de voir la psychothérapie puisqu’elle est un processus au cours duquel la personne apprend à se libérer d’une vaine lutte pour enfin devenir soi et l’assumer en dépit de pressions extérieures (c’est beau dit comme ça mais c’est l’idée de base).

A soi même sa propre norme

Comme j’ai pu en disserter dans un article (TCC et liberté), la psychothérapie est et doit être libertaire. Son seul but est bel et bien de promouvoir la liberté de la personne d’agir et de choisir d’agir en direction d’une vie qui lui convienne (à elle et non au psy ou à la société). Liberté entravée par sa relation à ses pensées, ses émotions mais aussi souvent enchaînée au passé.

Le Rn’R tout comme la psychothérapie est un refus. Refus du conformisme (partiel je vous l’accorde car on ne peut s’extraire totalement de la pression sociale), refus de l’aseptisation des esprits, de l’aseptisation des corps. C’est également un refus de la souffrance, pas tant de la souffrance elle même que de se laisser dominer par elle.

Autonomie


Cet anticonformisme est ainsi dirigé vers une lutte contre l’aliénation au regard des autres, aux normes, à ses ressentis intérieurs. Le Rn’R se nourrit de cela mais l’ACT également puisque l’idée est belle et bien, pour reprendre l’expression de Michel Onfray, d’être à soi même sa propre norme. Assumer ce qui marche pour soi et pas forcément pour les autres. La traduction même du Rock n’ Roll colle parfaitement puisqu’il signifie Rester debout et avancer ou se maintenir solide dans son intégrité et avancer. Donc avançons.

Comment mettre du Rock n’ Roll dans sa vie, et pourquoi?

 

Accepter



Si vous suivez ce blog depuis un moment, c’est un de mes sujets de prédilection: L’acceptation. En effet, la majeur partie d’entre nous se donne pour objectif de réduire sa souffrance, de lutter contre elle. L’acceptation est ici l’action inverse. Faire de la place à ce qui nous fait souffrir plutôt que de lutter contre cette souffrance et la voire s’amplifier. Mettre du Rock n’ Roll c’est ici revendiquer sa souffrance, la mettre en avant comme faisant partie de soi, faisant partie d’une humanité (un robot ne souffre pas) et qui nous relie tous. Ce qui nous réunit autour d’un artiste, lors d’un concert, est bien souvent le partage de cette humanité.

Pour mémoire le Rn’R est la première musique à rassembler les blancs et les noirs aux USA. Ainsi, les souffrances de l’artiste résonnent avec les notre et il nous montre le chemin: les sublimer en une chanson, un texte. La mettre sur la scène.

L’artiste est celui qui à  mon sens pratique le mieux l’acceptation, il se montre tel qu’il est et il me semble que c’est bien en cela que nous l’aimons. Si vous avez envie d’être aimé.e voici le chemin.

Faible est celui ou celle qui ignore ses faiblesses, forte.e celui ou celle qui les accepte.

Mettre du Rn’R c’est alors véritablement prendre le dessus (comment prendre le dessus? voir ici) sur ce qui nous fait souffrir mais aussi prendre conscience que c’est ce qui nous fait avancer mais nous rend aussi unique. Un artiste sans son coté obscur n’est alors qu’insipide et commun.

Accepter et s’accepter c’est ainsi ne plus chercher nous changer – nous mais pas nos comportements qui sont eux perfectibles – mais à mieux utiliser ce qui se présente à nous. La Rock n’ Roll attitude c’est alors apprendre de nos mésaventures pour mieux avancer. Comment apprendre si nous refusons nos échecs (abordé ici), nos douleurs, nos émotions. La colère, par exemple, n’est pas mauvaise en soi, ce sont certaines expressions de la colère qui sont problématiques. Le Rn’R c’est faire la place à la colère pour ensuite choisir son mode d’expression. Rester debout face à la colère et avancer avec elle, c’est ça l’acceptation.


Se créer, se réinventer, sans cesse


Refuser l’ordre établi c’est se créer, se revendiquer sans cesse. Ainsi, tel que Schopenhauer nous y invite mais aussi Sartre, refuser la nécessité et notre simple essence animale celle de manger, de se défendre et de transmettre est aussi une façon de mettre du Rn’R dans nos vies.

En effet, si nous n’y prenons pas garde, notre vie peut vite se transformer en une simple satisfaction de nos besoins primaires: transmettre notre génétique, survivre et posséder. Or, notre cerveau et l’être humain sont plus que cela. Notre cerveau droit a besoin de créativité, d’imaginaire, il est là pour ça. Nous avons alors la capacité pour ne pas dire le devoir de nous élever au dessus de notre animalité par tant de choses qui diffèrent alors de l’animal. J’entends par là l’amitié, la créativité, l’art, la musique… les chemins sont alors si nombreux!

L’envie d’avoir envie

Se créer n’était pas possible pour la génération de nos aïeux, eux qui étaient habitués à suivre la voie que l’on avait tracée pour eux (charpentier de père en fils..etc). Se créer en 2018 est alors plus qu’une possibilité, c’est une nécessité car le modèle ancien n’est plus reproductible et le perpétuer nous fait alors souffrir. Il est ainsi difficile de faire un métier pour lequel nous ne sommes pas fait ou de suivre une passion qui n’est pas la notre. Regardez le nombre de bilans de compétences !


 

L’époque change tellement vite qu’il est alors nécessaire d’être attentif à se renouveler sous peine de devenir has been ce qui, dans la sphère personnelle, n’est pas un problème mais qui l’est bien plus au niveau professionnel.

Se créer liberté

Ce n’est pas sans rappeler le film « Rock n’ Roll » (justement) de Guillaume Canet où, à la quarantaine, le personnage principal ressent une fureur de vivre, un besoin de (se) créer loin de la trajectoire qu’il a prise, et apprise, par souci de conformisme.


Nous n’avons qu’une vie dont il faut, telle une lourde et existentielle urgence, profiter dans le moment présent. Le carpe diem est certes une maxime magnifique mais pourquoi ne pas être plus ambitieux qu’une simple contemplation de la vie ! Let there be Rock.

 

Le Rn’R c’est aussi le corps, le déhanchement.

Mettre du Rn’Roll dans son corps c’est suivre ses besoins, tel un bateau qui épouse les vagues, autant que le libérer. En effet, ce corps est malheureusement trop contraint, trop de stress certes mais aussi trop contraint à rentrer dans les bonnes cases du « 5 fruits et légumes ».
 

Alors on le maltraite avec de la course, par exemple mais aussi les régimes, pas tant pour l’épanouir que pour en faire un corps sain à la manière des grecs. Le discipliner. Fichez la paix à votre corps!

Lui fiche la paix mais aussi le libérer, danser, chanter, servez vous en plus tôt qu’attendre que celui-ci serve les attentes de l’égo.

Le Rn’R, maitre du Kif

Mettre du Rock n’ Roll c’est aussi et surtout mettre du kif, du plaisir ! Ajouter le je ne sais quoi de Jankélévitch soit un peu de supplément d’âme à nos vies. Osons l’originalité, traquons les habitudes.

J’entends souvent le monde se réclamer de et de vanter le tout zen (j’en suis aussi le thuriféraire) le calme et la plénitude. Il est bon alors de rappeler nos ambivalences sur ce sujet. En effet, le zen c’est bien, la plénitude (ce qui est plein n’est plus à remplir) encore mieux mais une vie stable c’est aussi sympa qu’un étang des Dombes. C’est beau, ça fait rêver mais au bout de deux heures, deux jours, deux mois que fait-on? Ben on s’ennuie non? Le Rn’R est une fureur de vivre, la vie est ainsi dans le mouvement, dans l’imprévu, le plaisir est dans le contraste. 

Mettre du Rock n’ Roll dans sa journée c’est penser, c’est agir, afin de mettre un peu de surprise, un peu de n’importe quoi.

Rock n’Roll Attitude

En effet, de cette façon et un peu comme le refus du conformisme, notre cerveau est (trop) habitué à percevoir les même choses à tel point qu’un gorille traverserait nous ne le verrions pas (voir cette expérience). L’habitude, l’habituation, nous rend insensibles et nous enferme dans le méandre du temps qui passe.

Changez votre trajet quitte à perdre une minute et quitte à découvrir ou vous émerveiller (comme je le développe dans cet article où vivre est un jeu d’enfant) d’un nouveau paysage. Faites des surprises à vos proches, des blagues. Changez votre savon, votre brosse, peu importe (surtout si cela parait ridicule c’est bien le meilleur), transgressez quelque peu votre ron-ron habituel (développé ici le bonheur de la transgression).

Le Rock n’ Roll c’est ça, chaque jour et pour toujours ne jamais s’endormir et câliner notre âme d’enfant : Like a rolling stone.

Plus encore mettre du Rock n’ Roll c’est aussi se rappeler cette citation

Fais de ta vie un rêve et d’un rêve une réalité 

 
Antoine de Saint Exupery 
(lisez le petit Prince!!)


Pourquoi attendre la crise de la quarantaine et de risquer de perdre tant de chose d’avoir – trop – oublié ses rêves? Pourquoi ne pas les ressortir du carton, pourquoi ne pas s’en servir surtout s’ils sont fous? Avoir des rêves c’est se donner envie d’avancer mais aussi de regarder devant – telle une pierre qui roule – et s’asseoir sur le passé pour voir plus loin. Pour paraphraser Kierkegaard vieillir c’est réaliser ses rêves de jeunesse !

Re-Rêver


Enfin, mettre du Rock n’ Roll est un devoir pour les parents qui doivent donner envie à leurs enfants de grandir. Être adulte ne se résume ainsi pas qu’à avoir des enfants, posséder un break et travailler  pour payer le tout à la fin du mois (la fin du moi?). Donnons l’exemple!

Ainsi  j’espère vous avoir convaincu de rajouter à votre recette de vie un peu de cet ingrédient qu’est le Rock n’ Roll qui n’a bien évidemment pas le monopole du zeste ou du pas de coté. D’autres style musicaux, d’autres modes de vie sont compatibles avec cet article. Bien évidemment il est difficile de pratiquer cela lorsque l’on est au fond du trou mais il sera bien temps d’en ajouter lorsque vous en serrez sorti pour sûrement ne pas y retomber.

Pour finir je ne résiste pas à ce monument de la vison so Rock n’ Roll.. ô capitaine mon capitaine…

 
 

Restez debout et Avancez!

 
Yannick
 
 
 
 

 

Psychologue aux multiples influences je base ma pratique de prise en soin sur la thérapie d'acceptation et d’engagement, la psychologie positive ainsi que les thérapies cognitivo-comportementales. En institution, en cabinet de ville, en formation professionnelle ou encore en tant que Blogueur ma vision de la personne en souffrance est bien celle d'une personne non pas "malade" mais plutôt "coincée": En devenir. C'est ainsi à travers une pratique mêlant psychologie, philosophie, humour et métaphores que je voue mon activité professionnelle à aider la personne à avancer vers ce qui compte pour elle.

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