Les doudous c’est pas que pour les grands !
Bonjour à toutes et à tous,
En cette fin de mois je suis heureux de reprendre la série des « mots du mois », des mots au service de notre santé mentale. Ce mois-ci, qu’est-ce qu’un analogon ? Mot bizarre certes mais dont la signification nous est bien commune et surtout, vous le verrez, terriblement utile en santé mentale.
L’analogon désigne un objet réel, physique ou psychique dont on pourrait dire que, par analogie il est le support de l’imaginaire. L’analogon est ainsi…. Un doudou, un porte-bonheur, un grigri ou autrement connu en psychologie comme objet transitionnel !
Avec lui on fait comme si, avec lui on fait comme avant, comme si c’était là, on fait comme si on était plus fort. Avec lui on apprend la séparation, on apprend aussi à faire avec la perte. Avec lui on fait mieux. Et n’y a pas que les enfants qui s’attachent à leur doudou pour faire face à la séparation ou pour se rassurer. Explorons de quelle manière le doudou est aussi une affaire de grandes personnes et à quel point il peut nous aider à gérer ces transitions de quelle manière, entre autres et avec le 1er novembre en ligne de mire, il peut nous apprendre à faire avec les morts mais aussi avec la vie.
Mais comment un simple caillou, un simple tissu, un simple porte clé peut nous aider à vivre ?
C’est là que la magie du langage intervient et avec elle la théorie des cadres relationnels (impossible de vous expliquer en détail ici mais il y a un chapitre complet dans mon premier livre au cas où ou lisez aussi cet article sur l’alchimie du langage ). Simplement, si je vous donne un vulgaire stylo en disant qu’il a appartenu à Nelson Mandela, ce stylo prends ainsi une autre valeur. Le langage agit alors comme une formule magique en enveloppant d’imaginaire ce stylo. On dit alors, que, par apprentissage symbolique, il met en relation ce stylo et ici une personne.
Du simple vulgaire à la magie de l’imaginaire
Il lui confère ainsi une fonction, un peu comme le ferait un mage avec une amulette. Entre réassurance, soutien et présence ce sont bien ces fonctions positives qui nous aident parfois à faire avec le fait que la personne aimée est soit loin, soit perdue à jamais. Comme le dit si bien la grand-mère à Vaiana (selon « à peu près » Vaiana 2) on n’est plus ensemble mais on est ensemble autrement. Ainsi, si la mort est la fin de la vie elle ne signe en aucun cas la fin de l’amour. L’objet, le doudou, le fétiche est alors ce fil, ce lien qui nous tient et nous garde en relation avec l’être perdu ou éloigné et nous aide à vivre. Nous sommes alors riches de ça (et ça ne s’achète pas) et, telle Vaiana, on avance et regardant devant, le grigri dans la poche et le cœur rempli du symbole qui n’est certainement pas symbolique.
Les superpouvoirs du symbole
C’est bien aussi par ce procédé que fonctionne l’effet placebo. Se dire que cet objet possède une fonction positive nous donne une partie de l’effet. Avec lui on se sent plus fort, plus optimiste, moins anxieux… et bon nombre d’études montrent que cela marche (20% de surplus d’efficacité) !
L’analogon nous ouvre enfin à toute la créativité, à travers l’art. C’est ainsi projeter en l’œuvre toutes ses peines et ses espoirs. Non seulement on prend de la distance mais on peut aussi leur donner un pouvoir d’action. Transformer la souffrance en expérience à ne pas refaire ou en expérience pour grandir. Tel est aussi le pouvoir de l’art et de l’analogie.
Bref, vous l’aurez compris les Doudous ne sont pas que pour les enfants autant que les grigris ne sont pas que pour les sorciers et autres adeptes de magie. En santé mentale avoir un Doudou peut nous aider à traverser les épreuves de la vie pour peu qu’on ne passe pas sa vie à s’occuper de son fétiche. Tout est une affaire de mesure !
Bonne semaine à toutes et à tous et n’oubliez pas votre Doudou avant de partir,
Yannick 🤟


