Bonjour à toutes et à tous,
Ce mois ci, comme prévu, voici un article sur la psychologie positive.
En effet, dans le précédent article je terminais en disant que la notion de normalité avait tendance à exclure ce qui n’était pas normal. Or, dans le lot du « pas normal » peuvent se trouver des choses intéressantes, des talents, des qualités. La questions est alors : De quoi et pourquoi suis-je fait? Quelle sont mes forces, mes qualités, mes valeurs?
C’est pour répondre à ces questions que la psychologie positive a été développée.
Qu’est-ce que la psychologie positive?
La psychologie positive est l’étude et le développement des conditions ainsi que des processus qui contribuent à l’épanouissement et au fonctionnement optimal des personnes, des groupes ainsi que des institutions.
Le bien-être étant une traduction à l’échelle de l’individu de ce fonctionnement optimal.
A travers cette définition vous comprenez pourquoi ma pratique se décline autant en cabinet individuel qu’en terme de formation professionnelle. Œuvrer pour le bien être doit se décliner à plusieurs étages et en plusieurs endroits.
Pourquoi la psy positive?
Depuis la seconde guerre mondiale, la psychologie s’est principalement centrée sur les problèmes et pathologies psychiques. La conséquence est que l’on connaît désormais beaucoup de choses sur comment l’être humain va mal, sur ses problèmes mais que l’on sait finalement peu de choses sur comment il fait pour aller ou être bien. C’est un peu comme si j’étudiais toutes les façons de rater un bœuf bourguignon mais sans me poser la question de comment le réussir.
Le problème de se centrer sur ce qui ne va pas (et j’en ai assez parlé sur ce blog) est qu’au final on ne voit plus que cela. La radio, la télévision, l’enseignement (…) nous centrent sur le négatif, sur ce que nous ne savons pas faire ou bien sur ce que nous n’avons pas.
Ainsi, que fait-on lorsque l’on skie et que l’on fixe le sapin que l’on ne veut surtout pas prendre dans la figure?
Se centrer sur le problème créé (parfois) le problème
Bien évidemment l’idée n’est pas d’éluder ce qui ne va pas mais bel et bien de rééquilibrer la balance en observant ce qui va, ce que nous savons faire, notre potentiel et surtout la façon dont on peut faire grandir cela.
Le verre ni à moitié vide ni à moitié plein : le verre
Ainsi, le principal but de la psychologie positive est d’étudier les facteurs et les conditions qui conduisent à une « Bonne vie ». Une vie qui vaut la peine d’être vécue. Cette discipline s’intéresse donc aux forces et aux vertus qui conduisent à ces états que sont le bonheur, le plaisir, le bien être.
Pourquoi développer le bonheur et le bien être?
Notre société n’a jamais bénéficié d’une qualité de vie aussi importante. La santé, l’espérance de vie sont à leur plus haut niveau. Le nombre de conflits armés n’a jamais été aussi bas : sommes nous plus heureux? Non.
Pour preuve. Le PIB de l’Angleterre a doublé ces 30 dernières années tandis que le niveau de bonheur est resté identique.
Sachez par exemple que le moral des français est basé sur la consommation. Sommes nous plus heureux parce que nous consommons plus? Ma tête aurait bien dit l’inverse, j’achète parce que je n’ai pas le moral.
Le PBI, Produit Intérieur du Bonheur?
Sur le même thème lisez la citation suivante qui est intéressante par ailleurs:
Le PIB ne tient pas compte de la santé de nos enfants, de la qualité de leur instruction, ni de la gaieté de leurs jeux. Il ne mesure pas la beauté de notre poésie ou la solidité de nos mariages. Il ne songe pas à évaluer la qualité de nos débats politiques ou l’intégrité de nos représentants. Il ne prend pas en considération notre courage, notre sagesse ou notre culture. Il ne dit rien de notre sens de la compassion ou du dévouement envers notre pays. En un mot, le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue.
Discours du 18 mars 1968 de Bob Kennedy, cité par Jean-Claude Michéa, dans « L’empire du moindre mal »
La productivité monte tandis que le nombre de personnes porteuses de dépression et d’anxiété n’a jamais été aussi élevé. La santé, le bonheur ne sont alors plus considérés comme l’absence de maladie. L’argent, la bonne santé, le niveau d’éducation ne sont pas des garants absolus du bien être.
Alors comment faire?
Avant de disserter sur les moyens d’exploiter notre potentiel j’aimerais citer ce passage du livre de Martin Seligman, fondateur de cette discipline et qui à mon sens résume tout:
Un jour dans son jardin, Martin Seligman arrachait les mauvaises herbes avec sa fille Nikki de 5 ans. Au lieu de se concentrer comme lui sur la tâche, la petite Nikki jetait les herbes en l’air, chantait et dansait. Habitué au travail ordonné et précis, le professeur se tourne vers sa fille et la gronde en élevant la voix. Elle part en pleurant.
Mais elle revient quelques minutes plus tard :
– « Papa, je voudrais te parler. »
– « Oui, Nikki ? »
– « Papa, tu te souviens comment je pleurnichais tout le temps quand j’avais 4 ans ? A 5 ans, j’ai décidé d’arrêter. C’est une des choses les plus difficiles que j’ai faite. Si j’ai pu arrêter de pleurnicher, tu peux sûrement arrêter de râler tout le temps. »
A cet instant, qu’il décrit comme une « épiphanie », Martin Seligman a compris une chose essentielle : que l’on pouvait passer à côté de la vie si l’on n’entraînait pas son esprit à percevoir ce qu’il y a de gratifiant et de joyeux plutôt que se concentrer seulement sur les difficultés.
Et que le rôle central de la psychologie scientifique devrait être d’aider chacun à trouver cet équilibre vers le positif, comme Nikki l’avait fait d’elle-même.
Parmi les moyens pour aller chercher ce bonheur, l’idée est d’abord de s’entrainer à observer la vie dans ce qu’elle a de positif, sans rien de plus, juste observer. Sur ce sujet je vous invite à lire ces articles
Cette approche nous invite à privilégier la perception mais aussi l’évocation d’émotions positives. En effet, les émotions positives ont pour effet de favoriser la mobilisation des ressources personnelles, la planification des objectifs. Elles encouragent la créativité ainsi que les comportements pro-sociaux. S’entrainer à se remémorer des évènements positifs, s’entrainer à percevoir l’émotion positive que l’on va ressentir après avoir, par exemple, fait une conférence. C’est aussi s’entrainer à se rappeler ce que l’on a fait ou perçu de positif développe chez nous le bonheur, le bien être. En effet, physiologiquement notre corps secrète plus de sérotonine (l’hormone du bonheur et du bien être).
Ceci dépasse largement le cadre de la philosophie « flower power ». Nous parlons ici, de dollars, d’euros, penser positif ce n’est pas un « truc » de bab’. C’est un réel levier de croissance comme peuvent témoigner toutes les expériences sur ce sujet.
SCIENCE POSITIVE
Mais, au delà de l’évocation et la perception d’émotions positives, cette démarche concerne le regard que nous portons à la fois sur nous même mais aussi sur nos semblables. Plutôt que de passer du temps à dénigrer ce que l’on ne sait pas faire, si on passait du temps à observer ce que l’on sait faire? Si l’on passait du temps à observer, à encourager nos enfants, nos collègues (valoriser ses collègues augmente aussi notre niveau de bien être!!! expérience à l’appui), nos employés dans ce qu’ils savent faire, ce en quoi ils sont bons?
Yes we can
Une approche en psychologie postule que travailler ses points forts finit par tirer ses points faibles vers le haut. Qu’en est-il de nos points forts lorsque l’on passe son temps à observer nos incapacités?
Vous l’aurez compris la psychologie positive a beaucoup à voir avec le bon sens. En jardinage on arrose ce que l’on veut voir pousser, il en est de même pour les êtres humains.
Pourtant en dépit de cette simplicité nous observons à quel point nous sommes attirés par le négatif.
Pourquoi?
Parce que physiologiquement c’est sélectionné (l’individu attentif à ce qui ne va pas à plus de chances de survivre). Culturellement c’est encouragé. En effet, un à la manière des « passions tristes » de Spinoza vous remarquerez que nous sommes d’une civilisation où le négatif, le pécher prime avant toute chose. Une nouvelle fois, mais vous allez dire que je radote, la peur fait plus vendre et favorise plus le pouvoir que les choses positives (quelqu’un a lu 1984 d’Orwell?)
La thérapie d’acceptation et d’engagement Psychologie positive Friendly
La psychologique positive considère que nous avons tous deux versants négatifs et positifs.
En ACT nous avons la même approche. En thérapie le premier temps est d’observer nos actions qui sont avant tout destinées à lutter pour ne pas ressentir telles émotions ou telles pensées désagréables. En effet, passer plus de temps à éviter une situation pour ne pas ressentir l’angoisse, ruminer pour faire partir des pensées négatives, fumer manger ou boire pour supprimer une sensation de mal être a pour effet d’augmenter l’intensité de ces ressentis mais aussi et surtout, pendant ce temps, nous n’agissons pas vers ce qui est important pour nous.
Trop de sel? Rajoutez de la soupe
Or, ce qui conduit au bonheur et au bien être, ce n’est pas l’absence de choses désagréables mais bel et bien l’accomplissement d’actions qui ont du sens, des actions qui nous approchent réellement des gens et des valeurs qui nous sont chères. Ce sentiment de bien être provient même directement d’actions réalisées malgré la difficulté, malgré l’angoisse redoutée.
Imaginez-vous avoir eu le bac sans stress, sans difficulté, sans sueur?
En thérapie ACT nous apprenons à ne pas lutter contre nos ressentis désagréables pour libérer notre énergie afin d’engager des actions vers ce qui compte réellement. Apprendre à identifier nos valeurs, garder à l’esprit les personnes qui comptent donne un sens à nos actions, un sens à notre vie. Tout ceci dans l’instant présent, pas dans le passé, ni le futur, là, maintenant.
Comme souvent en fin d’article je vous propose un petit exercice pour illustrer mes propos.
Cet exercice est celui de Florence Servant-Schreiber:
Les 3 kiffs
- Entrainez vous chaque soir à vous remémorer 3 kiffs. Un kiff est une action plaisante que vous avez réalisée ou bien une odeur, un son, une chose agréable que vous avez perçus.
ou
- Cherchez vos trois kiffs tout au long de la journée
ou
- Anticipez et prévoyez vos trois kiffs sur la journée à venir.
C’est simple, efficace, mais pas si facile tant nous sommes formatés et invités à observer ce qui ne va pas.
La psychologie positive n’est pas réservée qu’aux psychologues. Ainsi, à la manière du bouddhisme (qui diffuse sa philosophie de proches en proches) poster vos kiffs et relayez cet article! Tel un virus « positif » peut être aurez vous la satisfaction de contribuer au bien être de votre entourage.
Partagez vos kiffs sur Facebook! à cette adresse
Opé 3 kiffs
Bons kiffs et au mois prochain.
Que la force soit avec vous!
Yannick