Qui a peur du bonheur ?
Bonjour à toutes et à tous,
Pour clôturer la série de post sur la faucheuse et ses diverses facéties en santé mentale, je vous partage ma réflexion de la semaine.
👉 Avoir peur de la mort c’est ok mais peut-on avoir aussi peur de la vie ? Sous-entendu, peut-on avoir peur d’aller bien ?
👉 La belle vie, Ô la belle vie sans souci, sans problème ferait elle aussi peur que la belle mort (voire la belle-mère qui elle est – encore- bien en vie)?
Cela pourrait paraitre comme une évidence, tout le monde aime la vie, tout le monde veut aller bien. Tout le monde ? Rien n’est moins sûr.🤔
👉 En effet, il n’est pas rare que, dans mes consultations, mon ou ma patient.e ressente un sentiment de vertige, une boule au ventre. Elle suffoque, elle blêmit à présent que sonne l’heure.. d’aller bien 😱.
Tel un oiseau devant quitter son nid à tire d’aile et non sans peur, elle/il bloque. Comme un refus d’obstacle, par peur de se ratatiner au sol. Oui, on comprend, car un nid autant qu’une m… ça tient chaud aux fesses. 😝
Et comment s’en vouloir car c’est quoi aller bien. C’est flou, c’est pas défini, c’est fourre-tout (et rien). D’ailleurs qui s’en soucie ? Notez bien au passage que la psychologie se centre beaucoup plus sur comment soigner le mal que sur comment aller bien. Et surement parce qu’à elle aussi ça lui fait peur (et aussi parce que le malheur est au psy ce que la neige est au carrossier). Mais alors pourquoi tant de peur du bonheur ?
👉 Mais oui, pourquoi donc ?
🔸 Premièrement, l’être humain déteste le changement, même si c‘est pour aller mieux. Soyons honnête envers nous-même, lorsqu’on souffre on jouit d’une insolente certitude. Cela va mal et cela nous fait du bien car ce mal on le connait. On en a souvent (bien) fait assez le tour.
Lorsqu’on va mal on a sa souffrance en ligne de mire, on sait où on ne va plus et ça nous va bien. Car, à l’opposé, ça veut dire quoi aller bien ? Se sentir bien ? Notez ici le degré d’incertitude à faire blêmir n’importe quelle voyante 🧛 sachant peut-être prédire l’avenir mais pas un Bel avenir. Amour, Gloire beauté ? Que nenni.
🤜 Accepter d’aller vient c’est accepter tel un aveugle de se lancer dans une contrée souvent inconnue et bien désagréable. En effet, lorsqu’on a perdu le nord, se retrouver sur sa voie fait peur. À passer sa vie en dehors des clous ça fait bizarre. Bizarre d’être sur son chemin… et le bizzare ça fait fuir ! Ainsi, comme toute nouvelle sensation, le vigile vigilant de notre cerveau éconduit, par sécurité, les sensations agréables car méconnues ou oubliées. Désolé pour le bonheur, pas de basquette ici.
🤜 Accepter d’aller bien c’est ainsi autoriser ces sensations à pénétrer en nous, à traverser ce premier moment incertain pour ensuite se dire… oui ça fait bien du bien.
👉 Je suis venu te dire que je m’en vais
🔸Deuxièmement aller bien c’est bête mais c’est aussi arrêter d’aller mal (pas tant que cela mais on s’en contentera aujourd’hui). Changer c’est perdre un cadre pour en prendre un autre. On doit quitter quelque chose, quitter une façon de faire, dire adieu à un fonctionnement et sortir du cadre ce n’est pas si transparent pour tout le monde. Et ça l’être humain déteste perdre, moi aussi, ne serait au jeu de la vie.
👉 On quitte ainsi son thérapeute, on quitte sa souffrance, on quitte son statut. Qui vais-je devenir si je vais bien ? Que vais-je devenir sans mon psy ? Que va-t-il devenir sans vous ? 😱😱😱Pour certains de mes patients cette anxiété de séparation n’est pas une mince affaire car aller bien ça ne va pas de soi. Or, aller bien c’est aller vers soi (et moins chez son psy, sniff). Or, quitter c’est aussi rejoindre autant qu’il faut accepter de perdre pour gagner. Pas simple encore une fois.
👉 Ôte ta lumière tu m’éblouis, tu me fais de l’ombre
🔸 Enfin, essayez de dire à tous vos contacts que vous allez bien, criez sur tous les toits que vous aimez la vie, clamez sur les réseaux que votre vie est enfin Rose. Bon c’est déjà le principe des réseaux mais là, sincèrement. Que va-t-il se passer ? Vous risquez d’irriter, de froisser d’éblouir l’autre de cette lumière du bonheur et, comme un retour de boomerang, que vous n’avez pas lancé vous récupérez jalousie, dévalorisation et autre remarques assassines. Calme ta joie 😡.
En effet, la lumière brule 🔥, la lumière fait de l’ombre chez celles et ceux plus habitués à la blafarde lumière d’une lune qui elle ne brille plus 🌚. Vous brulez ,vous, du feu incandescent de la joie 🤩et on tente de mettre sous l’éteignoir ce bonheur indécent. Ça ne se fait pas dit-on, on ne crache pas ainsi son bonheur à la tête des gens. On s’éloigne de vous tels des vampires 🧛♂️du pire et certains face à une tête d’ail.
Ainsi, crucifiés par peur de finir seul mieux vaut vivre une vie gâchée qu’un bonheur étalé. Difficile d’être heureux quand on risque d’en payer le prix d’un retour à la solitude. Seul avec son bonheur, mal avec son bien. Définitivement pas simple.
👉 Aller bien aller mal même combat
🔸 Ainsi aller vers le bien c’est emprunter le même chemin que pour soigner le mal. Identifier son Bien à soi 🥰 comme on mettrait des mots sur son mal. Accueillir les émotions désagréables comme autant d’obstacles à franchir 🗻, de peurs à traverser. Enfin s’engager, s’engager vers la vie tant qu’y en a, la bouffer des yeux, la bouffer à deux. Peu importe le prix, peu importe les gens, tendre vers la lumière 🔦, être cette lumière 🕯, rayonner de lumière 🌞 car, au final, rien de mieux que de montrer l’exemple à celles et ceux que le bonheur effraie et pourtant si chouette 🦉.
Bon bonheur à tous et lâchez rien. S’il y a un tunnel, il y a deux sorties désagréables mais dont l’une seule est la bonne.
Yannick 🤘


