Quand le Deuil coince il reste les mots
Bonjour à toutes et à tous,
Bienvenue pour cette nouvelle citation au service de notre santé mentale. Et, juste après le 1er novembre parlons de nos morts. En effet, la mort reste tout de même un élément central en psychothérapie. Entre la peur de mourir, de voir ses proches mourir et, ici, le deuil il y a mille occasions de souffrir en santé mentale. Parlons-en, parlons-en pour transformer sa souffrance en expérience propre à nous aider à vivre ! Citons donc Victor Hugo :
« Les morts sont des invisibles mais non des absents »
Alors loin de moi l’idée de donner des conseils tout faits qui marchent pour tous et toutes les souffrances car, tout d’abord, le rapport à la mort fait bien partie de l’intime. Chacun le vit à sa façon, chacun fait ce qu’il lui est possible. Pour autant, tâchons de faire en sorte que cette inéluctable expérience impacte le moins possible notre vie. Et si les morts servaient aussi nos vies ?
De quoi parle-t-on ? De nos morts, de nos disparus, de notre façon d’être ou non avec ça. On parle de Deuil.
Or, de nos jours c’est peu dire qu’on invisibilise la mort, les morts. On n’en parle plus, on ne les fête plus. Tel celui dont on ne prononce pas le nom (voir la ref’) ils agissent alors comme ce qu’on appelle des « tiers pesants » ils ne sont plus là, on n’en parle plus mais pour autant leur esprit envahit nos nuits, nos pensées, les sous-entendus des conversations. On attend un coup de fil, on cherche un regard, on appellerait bien, on attend un câlin et rien ne vient. Alors on attend, on erre tels des morts-vivants, on erre et on est pourtant bien vivants. Or à ne plus vivre parce ce qu’il ou elle est absent.e on s’abyme, on se replie et on perd le fil de la vie. En santé mentale ce n’est pas normal et il convient d’y remédier (donc pourquoi pas consulter)
Deuil, douleur et digestion
Le deuil, du latin Dolus pour douleur ou chagrin est comme une lente digestion, on garde l’essentiel (l’amour) et on rejette le funeste (la douleur). Et on apprend à vivre avec, oui l’idée est bien de vivre car la parole est aux vivants, les morts servent les vivants sans quoi il y a quand même plus de monde derrière nous que devant et cela se transformerait en asservissement. Le Deuil pathologique est bien cette indigestion, cette douleur qu’on ne digère pas et on reste pris au piège à regarder là où il n’y a plus rien à attendre, là où il n’y a plus personne. On souffre car les morts sont bien invisibles mais on souffre surtout car on cherche du mauvais côté. Pourtant il faut vivre mais comment vivre avec ça ? En cherchant du bon côté.
Comment vivre avec ses morts ?
Premièrement, ils ne sont plus là mais ils sont là autrement. Les souvenirs, les enseignements, et les empreintes qu’ils ont laissés continuent à influencer notre monde. Cela s’appelle la mémoire. On est riche de ça et ça ne s’achète pas dirait Jean-Jacques. Si on regarde bien (avec le cœur dirait le Petit Prince) ces anciens vivants sont bien là, au fond de nous. Que de souvenirs, que de moments encore présents qu’on peut, en fermant les yeux, retrouver. Vivre et revivre. La mort interdit la création de nouveaux moments mais elle n’efface certainement pas ceux déjà (bien) vécus.
Deuxièmement, les morts ne disparaissent pas complètement car ils laissent derrière eux un héritage culturel et spirituel. Combien de recettes de cuisines, d’expressions, de savoirs-faire et de traditions sont alors présentes en nous. À nous de les perpétuer et de « présentifier » ceux qui ne sont plus là. C’est aussi ce que nous faisons en ce 1er novembre, un rituel de mémoire, un acte de commémoration. Lorsque je réalise cette tarte aux pommes façon « grand-mère » ma grand-mère est là, lorsque je joue une morceau de BB King, l’esprit de BB King survit en moi (sans l’avoir connu !). Après la vie il y a encore de la vie à faire vivre et revivre.
Troisièmement l’héritage ne s’arrête pas là, en thérapie d’acceptation et d’engagement on parle souvent de valeurs, de ce qui est important pour nous. Ces mots qui concentrent tant d’énergie donnent un sens à nos vies : gentillesse, politesse, courage, respect. Or, il y a une dernière façon de se relier aux êtres chers et disparus : le symbole. Lorsqu’on nous dit tu tiens ça de ta mère, de ton père ou de ta grand-mère. On tient ça d’eux et on se tient mieux. Nos valeurs sont aussi les leurs, et ces valeurs-là ne prennent pas de rides. Ces valeurs-là survivent à la mort puisqu’elles sont la vie. J’ai personnellement perdu un chien (le héros de mon second livre petite psychologie de l’apéro) dont l’esprit m’enseigne chaque jour à profiter et chiller (pas encore parterre les pattes en l’air mais presque). Ces valeurs dont on fait preuve constituent une autre façon de relier on fait comme si, comme si il étaient encore là, ils sont là puisque nous sommes eux en agissant selon les même valeurs.
La mort donne du sens à la vie
Nos morts donnent un sens à nos vies
Voilà, cette problématique est tellement complexe qu’elle mériterait un encore plus long développement mais j’espère que cet article vous aidera à faire avec vos morts et pourquoi pas aussi rire avec (mdr). Et bien évidemment vos commentaires sont les bienvenus car ils approfondissent mes réflexions (et me font bien plaisir aussi)
Bonne semaine à toutes et tous,
Yannick 🤘


