Pourquoi les gens sont comme ça? S’accepter et accepter l’autre
Bonjour à toutes et à tous,
Cette photo est venue résonner avec une pensée que me raconte souvent ma tête
« pourquoi les gens sont comme ça? »
Je m’explique. Je suis sidéré par le fait qu’au sein de mes consultations je trouve des personnes sensibles, ouvertes, tolérantes. J’observe avec elles une partie d’elles-mêmes qu’elles méconnaissaient ou qu’elles cachaient bien au fond. Et, une fois sorties de mon cabinet l’ambiance est à la fermeture, l’intolérance, l’insensibilité: sortez les parapluies!
L’un cache sa sensibilité, l’autre ses défauts. L’une cache ses tâches de rousseur, l’autre ses rondeurs.
Alors, évidemment, la réponse à la question « pourquoi? » n’est pas simple, mais elle peut tenir en un mot:
Défense.
Oui, une fois sorti de ma cage de Faraday, comme je nomme ma salle de consultation, tout se transforme sur un simple impératif vital: se défendre.
Ceci explique pourquoi je ressens parfois une sorte de vide existentiel lorsque je sors justement de ma cage de Faraday. Où sont ces gens sensibles, ouverts? Où est passée cette part soit disant obscure de chacune de ces personnes (pas toutes bien sûr) qui me fait parfois halluciner quant à certaines réactions, en voiture, à la télévision, devant une cours d’école ?
De cette photographie m’est donc venue cette réflexion. Chacun de nous se cache, se protège sous un parapluie. Bien sûr, il est important de se protéger lorsqu’il fait mauvais temps, lorsqu’il pleut. Il est important de se défendre lorsque nous sommes en danger. C’est même un instinct. Mais se protéger de quoi? Le savons nous?
Repli
Le problème se pose lorsque le parapluie ne se replie plus, lorsqu’on se protège en permanence: Défense. Nous observons le monde alors à travers un filtre où l’autre est un potentiel agresseur, voleur, profiteur… Je ne nie pas qu’ils existent, mais comment faire la différence entre un « bon et un mauvais chasseur » lorsqu’on a ce parapluie en permanence devant les yeux?
Sortez les parapluie
Ce parapluie, louable stratégie de défense, devient alors un mur, un bunker au fond duquel nous nous enfermons.
Ces parapluies sont le signe de notre parfois superficialité, certains deviennent agressifs (parce qu’il ne faut pas se laisser faire) en permanence, ou certaines toujours souriantes (parce qu’il fait faire bonne figure), d’autre tout aussi neutre (parce qu’il ne faut pas faire de vague).
L’enfer n’est alors plus les autres comme aurait pu le dire Jean Paul Sartre, l’enfer c’est nous.
Sans les autres je suis sans Moi
Je parle ici de ce que nous avons parfois honte de présenter au monde de la sensibilité certes mais aussi de la folie et nous fait poser la question sur ce que nous cachons « suis-je normal.e », comme j’ai pu en parler ici (« Suis-je normal.e? »).
Ainsi, caché.e.s derrière notre parapluie, on pense et continue à penser que l’enfer c’est les autres et qu’il faut s’en protéger et cacher cette partie de nous, faire diversion comme ce poisson qui s’invente une tâche sur la queue pour tromper son ennemi, le tromper sur ce qu’il est vraiment.
Je suis, je suis trop, je ne suis pas assez.
Ainsi, sans aller sur le terrain politique, c’est de cette façon dont nous créons l’étranger.En effet, lorsque nous vivons constamment sous notre parapluie c’est aussi une façon de nous rendre étranger au monde qui nous entoure. Les peurs, projetées sur l’autre, sont avant tout les nôtres. Je ne m’étendrai pas plus sur ce sujet car il fera l’objet d’un article sur le « soi » et l’estime de soi.
Étranger à l’autre, étranger à soi même.
Ce que C.J Jung développe en disant que l’on ne peut avoir de contact avec l’autre si on ne l’a pas avec soi même et donc, inversement, on ne peut avoir de contact avec soi, voir la lumière en soi si on ne la voit pas chez l’autre.
Mais, sachons reconnaitre que notre soi se développe au contact de l’autre. A lutter contre les autres, on en vient à lutter aussi contre soi. Lorsque l’on manque de respect à l’autre c’est à soi-même que l’on manque de respect et inversement.
Difficile à réaliser sous un parapluie.
Je ne dis pas, bien évidemment, qu’il faille définitivement poser le parapluie car il y a bien des gens toxiques, mauvais, mais ce n’est pas la majorité et comme a pu me le dire un psychiatre il y a longtemps « Mr Descharmes remerciez cette personne (cette ennemie) pour ce qu’elle a à vous apprendre »…. apprendre à nous connaitre.Tomber le parapluie oui mais sans tomber la chemise. S’ouvrir ne veut pas dire se rendre vulnérable, se soumettre.
Ainsi, en posant le parapluie, en acceptant de nous montrer dans notre plus simple vérité, sans effacer ce que nous jugeons inutile, honteux ou dangereux c’est faire de la place à des relations à l’autre plus profondes mais surtout, nous pouvons nous en nourrir comme j’aimerais vous le démontrer à présent.
Plaidoyer pour une revendication de soi pleine et entière.
A porter son parapluie on se protège certes, nous l’avons, vu mais surtout on se prive de soi.
Et si cette partie de nous-même était non pas un truc à jeter mais bel et bien une immense source de richesse et de créativité?
En effet, nous sommes dans une société qui cherche à normaliser – tous derrière le même parapluie politiquement correct – mais qui en même temps s’extasie devant la différence. Schizophrénie non?
Un art de soi
Si l’on prend les arts. Qu’est-ce qui nous touche, nous interpelle, qui nous rend fans si ce n’est le soi-disant côté obscur de l’artiste: Gainsbourg, Dali, Houellebecq, Verlaine…etc. Un « je ne sais quoi » qui émeut et nous touche au plus profond de nous même. Qui seraient-t-ils et qu’en serait-il s’il avaient mis le parapluie sur ce qu’ils n’acceptaient pas, sur ce qu’ils craignaient de l’autre. Transgressons nos peurs et posons le parapluie, observons et rions même de cette partie de nous même comme je vous y ai invité.e dans cet article (le bonheur de la transgression)
Du bonheur de percevoir la pluie sur son visage
Si nous posions le parapluie pour enfin percevoir la pluie (l’autre, les événements indésirables, nos émotions…etc) non plus comme quelque chose de quoi se protéger mais bel et bien comme une occasion de fertilité, une occasion de création? Je vous rappelle que nos 520 millions d’années d’évolution sont le fruit d’événements indésirables.
Nous sommes tous nés d’une goute de pluie.
Nous faisons tous partie de la biodiversité, alors à quoi bon un parapluie?
Remercions ce non-soi, cette différence contre laquelle on se protège. Même si elle dérange ce n’est par contraste que nous nous connaissons. Le racisme vous met en colère? Remerciez cette colère, et cette personne, elle vous apprend que la tolérance est une de vos valeurs. La violence ou la cruauté vous rend triste, ne l’occultez pas, observez la car elle vous apprend peut-être que la douceur est un de vos constituants. Plus le monde sera cruel plus il vous invitera ( ou rendra nécessaire de ) à développer votre douceur et donc à développer plus de vous (si la douceur fait partie de vos valeurs). C’est en ce sens que mon ancien psychiatre m’invitait à remercier mon ancienne ennemie car en l’observant j’ai su qui j’étais.
Si je n’étais pas elle c’est que j’étais moi
Pour reprendre l’idée de l’article précédent sur le cadrage, ce ne sont pas les autres, ce ne sont pas les parties de nous qui posent problèmes mais bel et bien la façon dont nous y faisons face. Le repli sur soi, sous le parapluie, n’est alors en aucun cas un repli « sur » mais plutôt « contre » soi.
Cet article est alors une réflexion sur l’acceptation de soi, de ses ressentis désagréables, de nos défauts qui sont autant de qualités, une acceptation de l’autre. Acceptation ne veut pas dire résignation mais plutôt une prise de conscience, « c’est là », pour ensuite en faire quelque chose, réflexion que je reprendrai prochainement sur la construction de soi.
Ce quelque chose c’est toi
Ne refusons pas la différence, ce qui n’est pas soi, car ce n’est qu’en relation que nous sommes.
Poser le parapluie
En effet, poser le parapluie et tenter de s’accueillir soi tel.le.s que nous sommes peut nous permettre des relations plus authentiques, plus profondes. Bien que notre tête nous dise que nous sommes en danger il en ressort que nous sommes plus forts car il n’y a plus rien à cacher plus rien a avoir honte. Mais surtout, en acceptant d’être soi, nous invitons l’autre à en faire de même. Voilà pourquoi les relations sociales que j’ai au sein de ma cage de « faraday » sont sincères et voilà pourquoi en n’étant pas soi les autres ne le sont pas non plus.
Ainsi pour appuyer ma réflexion et peut être vous convaincre que ce que vous cachez sous ce parapluie est une mine d’or, que celui dont vous vous protégez derrière ce dit parapluie est une richesse voici un petit exercice:
De la construction de soi
Premier exercice
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- Fermez les yeux et imaginez durant quelques minutes « ce que vous n’êtes pas assez »
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- Notez le sur un morceau de papier
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- Fermez les yeux de nouveau et réfléchissez depuis combien de temps vous luttez à être ce que vous n’êtes pas assez »
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- Notez alors le nombre d’années en dessous
Prenez quelques instants pour observer votre « Lutte »
Deuxième exercice
- Fermez les yeux: Imaginez en quoi vous a aidé ce « je ne suis pas assez ». Imaginez les avantages « à ne pas être assez ».
- Êtes vous toujours aussi sûr de vouloir lutter, enlever cette partie de vous?
C.J Jung