Une vision contre-intuitive de la performance
Bonjour à toutes et à tous,
Cette semaine, une fable ! Le lièvre et la tortue. Bon on la connait tous mais savez-vous en quoi elle peut nous être utile en santé mentale ? Travailler moins pour gagner plus ? Courir moins vite pour arriver plus tôt ? Apprendre moins pour savoir plus ? Oui et cela contre toutes attentes.🧐
👉 Le quoi qu’il en coûte de la performance
Oui c’est pas gagné car c’est peu dire que l’époque est à l’efficacité, à la rentabilité 😱. Pas question de perdre son temps. Au travail on court et plutôt qu’à quatre on court plus vite encore plus à deux, rentabilité🥵. À la Fac on nous bourre les amphis, on bourre les programmes, on bourre les cranes, productivité😰. En parentalité, on blinde d’activités, on blinde de jeux éducatifs, on remplit de bons principes, efficacité😤. On veut rentabiliser par tous les moyens, quoi qu’il en coûte. Quoi qu’il en coûte ? Oui qu’il en coûte à notre santé mentale, qu’il en coûte même le résultat final escompté.🤔
👉 Ça sent le cramé non ?
Pour quel résultat ? Burnout out pro, burnout étudiant, burnout parental… épuisé, éclaté claqué. Pour quelle satisfaction ? Peu, trop peu au regard de l’investissement.
Alors cette fable ? Bon elle est un peu longue de telle sorte que j’ai préféré vous en donner un résumé pour élargir mon propos ensuite. Mais en gros :
🔸Dans « Le Lièvre 🐇 et la Tortue 🐢» de Jean de La Fontaine, un lièvre moque la lenteur d’une tortue. Pour le défier, celle-ci lui propose une course. Sûr de sa victoire, le lièvre s’endort en chemin, tandis que la tortue avance lentement mais sans s’arrêter. Elle arrive la première au but. Morale de cette histoire : rien ne sert de courir, il faut partir à point — la tempérance l’emporte sur la précipitation, la constance sur la vitesse.
👉 L’endurance fondamentale en santé mentale, et si on courait moins vite pour arriver plus tôt ?
Jusque-là on pense tous qu’il faut travailler beaucoup, durement et douloureusement pour être performant. Or, telle notre chère tortue, en course à pied il en est tout autre, aller moins vite à rythme plus lent (appellé endurance fondamentale) nous permet d’arriver avant ceux du no pain no gain.
🏃♂️🏃🏃♀️En deux mots, l’endurance fondamentale est une allure à laquelle on peut faire durer l’effort longtemps – plusieurs heures – sans être essoufflé. On travaille à 60% de sa fréquence cardiaque maximale. Tranquille, pépère mais surtout pas à fond. Ainsi, notre corps s’oxygène plus, notre cœur se muscle plus, notre réserve de carburant s’améliore, on se blesse moins et surtout à ce rythme on progresse à une vitesse folle ! C’est en allant moins vite que notre corps se développe et performe mieux à terme.
👉 La vie est un marathon
Le concept n’existe pas précisément en santé mentale (on ne peut mesurer sa fréquence mentale) mais il existe bon nombre d’études qui vont dans le sens que travailler moins, faire plus de pauses, à un rythme plus doux, donnent de meilleurs résultats que le modèle de performance actuel.
🧐Bon ok, il faut un minimum quand même mais on peut tout de même citer une vieille étude de Yerkes et Dodson où plus on travaille moins on est efficace (courbe en U inversé) ou plus récemment Pr Colin McKenzie, de l’université de Keio, au Japon qui préconise une diminution du rythme de travail pour une efficacité plus grande à long terme, il note une performance optimale entre 25 et 30H de travail (bon l’étude est sur les vieux de plus de 40 ans).
🤜Et n’est pas une question de bonheur mais bien de performance. Plus d’argent, plus de savoir plus de qualité relationnelle.💕🥈💕
👉👉Alors, en santé mentale, ça donnerait quoi de ralentir pour être plus performants ?
🆗 Une meilleure mémorisation des contenus à long terme chez les étudiants
🆗 Une qualité relationnelle accrue de la relation parents/enfants et une hyperactivité plus faible chez les enfants.
🆗 Une qualité de travail, une souplesse, une adaptation plus grande chez les salariés. Moins d’heures ou moins d’intensité et plus de bénéfices !
Et bien évidemment si on avance moins vite, on évite le burnout et toutes ses conséquences. Le temps passé en arrêt, chez le psy ou pour se soigner est ainsi consacré à la satisfaction de ses objectifs de vie. On est donc plus performants !
🤜Cela n’empêche pas, bien sûr, les coups de bourre, les rush et autres coups de feu, c’est la vie mais on les tolère mieux et on est plus efficace dans ces moments.
Mais surtout, une meilleure tolérance à l’ennui ! Car en santé mentale, quand on va plus vite on n’a plus rien à faire et après et que fait-on lorsqu’on s’ennuie ? On mange, on fume, on boit et on scrolle (pour cet article c’est ok)… on dégrade donc notre santé.
Alors voilà, inutile de vous donner des conseils car souvent on n’a pas le contrôle sur notre rythme de travail ou sur le calendrier des cours mais si cette petite goutte d’eau pouvait en rejoindre d’autres, il y aurait moyen de faire en sorte qu’on soit plus performant donc moins malade !
🖐Arrêtons de cramer nos étudiants, nos enfants, nos salariés.
🖐Arrêtons de dilapider nos ressources précieuses.
Ça coûte cher et surtout l’énergie perdue ne profite à personne (enfin si mais ça c’est une autre histoire).
Bonne semaine en endurance fondamentale à tous,
Yannick 🤘


