Psycho-Pratique

Vous courrez après le temps ? Vous n’arrivez pas à prendre le temps? Cet article est ecrit pour vous :-)

Je n’ai pas le temps, je cours tout le temps, le temps me manque….ça vous parle?

Il est une chose qui revient (très souvent) dans nos discussions, dans nos plaintes.

 

En effet, nous en manquons, en perdons. Nous courrons bien après et parfois même nous le tuons:

Le TEMPS

 
 

Un peu comme ce lapin dans Alice au pays des merveilles.

Or, force est de constater que notre rapport au temps est complexe car à la fois nous manquons de temps et nous nous en plaignons et à la fois lorsque nous avons la possibilité d’en avoir, nous le remplissons immédiatement par quelque chose. Par peur du vide ?

En effet, les plages de temps libres deviennent alors comme ce garage que nous possédons tous, cet espace libre où nous finissons par stocker des choses inutiles… qui finissent par nous encombrer…et nous faire dire… je n’ai plus de place.

Si nous avions le temps que ferions nous? Ben pas Grand chose….qu’autre chose
Effectivement, nous courrons sans cesse après le temps et pourtant. Dès qu’il nous arrive d’avoir du temps libre nous n’en n’avons tellement pas l’habitude que c’est devenu quelque chose d’angoissant.

Temps mort

 

Angoissant parce que nouveau, différent, un peu comme comme un enfant qui goûte quelque chose de nouveau. Ainsi,il n’est pas rare que je reçoive en consultation des nouveaux retraités angoissés par ce temps disponible, eux qui avaient rêvé d’en avoir ou encore des mères de familles paniquées à l’idée que leurs enfants quittent le nid… et de retrouver le temps après lequel elles avaient (toujours) couru !

On pourrait appeler cela La phobie du temps libre 

Et si ne pas avoir de temps nous rassurait? Et si ceci nous donnait une illusion d’activité, de plein (rassurant) mais qui, au final, une fois la poussière retombée, ne semblait que du vent.

 

Au temps emporte le vent

Ce plein, cette hyperactivité nous rassure car à la fois cela nous donne le sentiment d’être actifs (la mode de notre temps) mais surtout parce que nous y sommes addict’.

En effet, notre cerveau est (sur)stimulé en permanence: les infos, le travail, les enfants, les tablettes et autres smartphones. Par conséquent, nous ne savons plus rien faire car même lorsqu’il n’y a qu’à attendre (chez le médecin) ô magie! Notre smartphone nous sort de l’embarra: l’embarra du vide.

Ainsi, nous avons perdu cette capacité à être seul, ou du moins à être avec nous même, à prendre soin de soi. De cette sorte lorsque un temps de moindre activité s’installe il fait l’effet d’un signal négatif, angoissant puisque nouveau (également dévalorisé socialement).

Time Addict

 

Exemple avec cette métaphore: Le sucre dans le  café.

Imaginez que vous preniez 4 morceaux de sucre dans votre café. C’est trop, vous en conviendrez. Mais, cela depuis 20 ans, c’est devenu un niveau normal, habituel. De cette sorte, lorsqu’il ne vous reste que trois morceaux dans la boite pour sucrer votre café, ce dernier vous semble amer (alors que c’est encore beaucoup). Que dire s’il n’en restait qu’un? Ainsi, lorsque notre cerveau sur-stimulé rencontre un moment de moindre activité il trouve la vie amer, ou du moins insipide, vide.

Est-ce vraiment le cas? Pas si sûr.

 

Prendre le temps, pour les Homos Temporis que nous sommes, ne peut se faire du jour au lendemain. Nous devons alors à la fois réaliser une période d’habituation comme pour le café mais aussi d’acceptation que cette sensation de « vide » ne soit en fait qu’une sensation différente mais non dangereuse pour nous.

Sevrage temporel

De cette manière et un peu comme lorsque notre vue s’habitue peu à peu à la pénombre, en acceptant ces moments de moindre activité nous pourrions découvrir de belles étoiles. C’est ce que nous enseignent les pratiques méditatives de pleine conscience.

Être conscient de l’instant présent comme l’écrit si bien Saint augustin « le passé n’est plus, alors que l’avenir n’est pas encore ».. captons alors cet instant qui se présente sous nos yeux… le temps.

Le temps au temps d’avant

Le temps, en philosophie, c’est se rendre compte que nous sommes mortels (le temps qui passe) mais aussi que nous sommes vivants. Ainsi, selon Aristote, la vie est alors comme le temps, une succession de « maintenant ».

 

Or, bien souvent lorsque nous sommes dans l’hyper activisme nous oublions de nous concentrer sur ces instants, ce qui créé cette sensation de ne pas avoir de temps. Par conséquent, portons notre attention sur ce qui s’est passé ainsi que sur ce qui n’est pas advenu. Nous passons ainsi à côté du temps, de ces instants qui se succèdent sous nos yeux. Le principal coupable est ici la rumination, ennemi numéro un de l’instant présent. L’ami préféré de la perte de temps.

Hors du temps

Peut être avez vous vécu ces moments où nous perdons réellement notre temps. Petits exemples personnels (universels?).
Parfois lorsque je joue avec mes enfants, il m’arrive que ma tête détourne ma concentration vers des pensées sur mon travail, ce que je n’ai pas fait, ce qu’il faudrait que je fasse. Dans ces moments précis lorsque le jeu se termine j’éprouve la sensation de ne pas avoir été là, de ne pas avoir profité: J’ai perdu mon temps à ruminer. Cet exemple est aussi valable lorsque je rate ma sortie d’autoroute, toujours en ruminant. Ou encore lorsqu’à côté de mon fils je l’entends soudain me dire « Papa, t’es là? Et de me lamenter deux jours plus tard, « j’ai toujours l’impression que le temps me manque »!!

Vous aussi?

So….

 

Pourquoi partir à sa recherche? alors que le temps est sous nos yeux?

Mais pourquoi donc n’arrivons-nous pas à nous « poser » un instant, un temps?
 
Parce que nous en avons perdu l’habitude, nous l’avons vu. Parce que nous sommes dans un registre de double contrainte, s’occuper de soi, se coocooner, s’épanouir et être performant, au top, au travail à la maison dans les relations sociales. Du coup, nous en sommes à être performant dans le « s’occuper de soi », le faire et non l’être. Nous faisons alors du soi, pour soi mais sans être soi là à cet instant présent. Nous survolons alors le choses en étant parti dans notre tête.
 
Plus encore, c’est qu’au moment où nous pourrions être seul, le fait de percevoir la détente comme une sensation désagréable (puisque nouvelle) nous amène vers une perception déséquilibrée des choses.

Peur du vide

Nous avons, lors de ces moments d’inactivité, tous des sensations, pensées et émotions agréables et désagréables en tête. Or, à ne pas prendre considération le côté agréable, que reste-t-il? Les « trucs pas cool », ma belle mère qui m’empoisonne  la vie, cette facture, mes peurs…etc.

 
 
Cette sensation désagréable nous rappelle quelque part les moments de solitude, lors qu’enfant, notre mère nous laissait seul « à l’abandon ». A cet instant nous avions réellement l’impression d’être abandonné sauf que ce passage est alors nécessaire pour nous individualiser, pour exister. Effectivement en psychanalyse, c’est par ce processus que nait la pensée et l’individuation. Séparé de sa mère le bébé commence à penser par lui et pour lui-même, il est alors « abandonné à lui-même », ce Lui étant à construire. Or, pour nous adulte nous refusons souvent ce moment de solitude car il nous ramène à cette sensation désagréable mais sans savoir que peu à peu cela nous apprend à être avec soi, pour soi, en sécurité.
 

Franchir le cap

Telles ces 5 premières minutes douloureuses en course à pied, si nous poursuivons dans cette direction nous allons découvrir des choses fabuleuses. En course à pied ce sera peut être des paysages magnifiques, un chevreuil broutant paisiblement dans une clairière, en psychologie « l’abandon à soi » peut nous amener une réelle perception et considération de soi… le « connais toi toi-même » de Socrate!!

 Ainsi nous avons la possibilité de faire deux choses lorsqu’un moment de mondre activité se présente à nous:
 
– Apprendre à tolérer ces ressentis désagréables, comme nous laisserions passer les nuages au-dessus de nos têtes.
 
– Apprendre à prendre plaisir sans faire, juste ressentir, observer. Mais cela d’une manière progressive surtout!!! Ne passez pas de quatre sucres à un café sans sucre!! Commencez par petite touches, quelques instants où vous vous asseyez, une minute voir deux mais pas plus et ensuite augmenter cette prise de temps, ce repos, bien mérité.
 

« Ce n’est pas le temps qui pose problème mais la façon dont nous le percevons » Yannick  à la manière d’Epictète 🙂 

Alors…

Changeons notre rapport au temps

 

 
C’est bien notre perception du temps que nous pourrions changer.

En effet, en Occident, nous percevons le temps comme une flèche ascendante, de gauche à droite avec l’impossibilité de retour en arrière. Ceci forge ainsi notre croyance que le temps se perd et que l’inactivité est du temps perdu.

 

Or, il existe une autre perception du temps, le temps cyclique. En philosophie, notamment orientale, le temps est tel une sinusoïde, il n’y a pas de temps mort ni de temps fort, il y a du temps selon deux acceptions, deux pleins. Un plein d’activité et un plein d’inactivité. Ce temps circulaire est celui de la nature, des saisons, celui du jour et de la nuit et c’est aussi le temps de l’être humain puisqu’il fait partie de la nature.

Le vide n’existe pas

Ce temps est celui qui nous guide depuis la nuit des temps. Ainsi tel que Nietzsche l’indique le temps revient toujours. Selon la sinusoïde lorsque nous sommes en bas ce n’est pas du temps perdu mais bel et bien un temps particulier qui prépare le temps suivant. En effet, l’hiver est le temps au cours duquel la nature se prépare à revivre, il est naturel et nécessaire.

Il y a alors bien un temps ascendant et linéaire mais au fond de nous il y a aussi ce temps circulaire avec cette invitation à reconsidérer notre rapport et notre perception du temps.

ÇA S’EN VA ET ÇA REVIENT

 

Il nous serait alors plus facile de prendre du temps, un temps de moindre activité comme le repos ou la flânerie si nous considérions celui-ci comme un temps qui prépare et conditionne l’activité. C’est ce que tout jardinier sait, la récolte dépend avant tout de la préparation du terrain. Sur ce thème, nous savons maintenant que le sommeil n’est pas inutile et qu’il conditionne notre bien être physique, psychique et physiologique.

Ainsi, en acceptant de prendre du temps de moindre activité (sans culpabiliser), en acceptant même de s’ennuyer un instant, nous pourrions alors observer la vie telle qu’elle se présente sous nos yeux : Percevoir le sourire de votre enfant, cet animal, le parfum d’une madeleine… pas celle de Proust… celle du temps retrouvé.

L’instant présent le seul temps qui compte

Comme à chaque fin d’article voici un petit exercice simple pour profiter de l’instant présent et peut être vous libérer de la pression du temps. Ceci, même lorsqu’il ne vous est pas possible de prendre ce temps de repos.

Lorsque vous observez que votre concentration se perd dans des ruminations (la rumination sont des pensées qui tournent en boucle et n’ont pour seul effet de nous encombrer).

Lorsque vous ruminez donc, essayer de simplement prêter attention à votre souffle, aux sensations que fait l’air lorsqu’il entre et sort ou encore les mouvements produits par votre respiration.

S’ancrer

Comme l’écrivent Myla et John Kabat-Zinn (voir référence en fin d’article), vous pourrez respirer et conduire, respirer et faire faire leur devoirs à vos enfants, respirer et passer l’aspirateur.

De cette sorte vous serez plus dans l’instant présent et aurez peut être moins cette difficile sensation d’être submergé. Et pour cause ! vous ne permettrez pas à votre tête de vous encombrer de ces choses inutiles. Un peu comme si vous passiez votre corps et votre esprit à l’antivirus… celui qui chasse les programmes inutiles qui surchargent votre ordinateur… et le ralentissent.

Essayez!

Vous pouvez également consulter ces deux articles pour plus d’informations sur la pratique de la pleine conscience.

Carpe diem, La pleine conscience
La pleine conscience pour les nuls 

Alors que faites vous aujourd’hui?

Je ne fait pas rien je fait du rien, je fais du repos.

 

Bonne rentrée à tous!

Yannick.


Référence
John Kabat-Zinn « Où tu vas tu es »

 
 
 
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Psychologue aux multiples influences je base ma pratique de prise en soin sur la thérapie d'acceptation et d’engagement, la psychologie positive ainsi que les thérapies cognitivo-comportementales. En institution, en cabinet de ville, en formation professionnelle ou encore en tant que Blogueur ma vision de la personne en souffrance est bien celle d'une personne non pas "malade" mais plutôt "coincée": En devenir. C'est ainsi à travers une pratique mêlant psychologie, philosophie, humour et métaphores que je voue mon activité professionnelle à aider la personne à avancer vers ce qui compte pour elle.

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