
Vivre cachés pour vivre heureux ?
Bonjour à tous,
Pour vivre heureux doit-on vivre caché ? Lisez donc cette fable de Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794) et on en rediscute à la fin du post?
Un pauvre petit grillon
Caché dans l’herbe fleurie
Regardait un papillon
Voltigeant dans la prairie ;
L’insecte ailé brillait des plus vives couleurs ;
L’azur, le pourpre et l’or éclataient sur ses ailes ;
Jeune, beau, petit-maître, il court de fleurs en fleurs,
Prenant et quittant les plus belles.
Ah ! disait le grillon, que son sort et le mien
Sont différents ! Dame nature
Pour lui fit tout, et pour moi rien.
Je n’ai point de talent, encor moins de figure ;
Nul ne prend garde à moi, l’on m’ignore ici-bas :
Autant vaudrait n’exister pas.
Comme il parlait, dans la prairie
Arrive une troupe d’enfants :
Aussitôt les voilà courants
Après ce papillon, dont ils ont tous envie.
Chapeaux, mouchoirs, bonnets, servent à l’attraper ;
L’insecte vainement cherche à leur échapper,
Il devient bientôt leur conquête.
L’un le saisit par l’aile, un autre par le corps ;
Un troisième survient et le prend par la tête :
Il ne fallait pas tant d’efforts
Pour déchirer la pauvre bête.
Oh ! oh ! dit le grillon, je ne suis plus fâché ;
Il en coûte trop cher pour briller dans le monde.
Combien je vais aimer ma retraite profonde !
Pour vivre heureux, vivons caché.
Que nous apprend cette fable en santé mentale ?
Que l’exposition dans la vie réelle ou sur les réseaux sociaux impacte notre santé mentale. Elle augmente le risque d’être ou attaqué ou valorisé et enfermé dans une image rigide. Déchiqueté sur l’autel des apparences A voir la santé mentale de nos idoles, on comprend pourquoi.
Mais doit-on se résoudre à se terrer au fond du terrier car on a tous besoin d’être à la lumière, d’être reconnus, entendus. On a également besoin d’exprimer nos talents tout autant que le monde en a besoin.
Que faire ?
La solution ne serait-elle pas de vivre heureux cachés et découverts. Choisir quoi découvrir en sécurité tout en sachant aussi replier les ailes pour mieux récupérer.
Mais aussi…
- Apprendre à se détacher de ce qu’on donne (comme la queue d’un lézard). Je suis plus que l’image que je renvoie
- Apprendre à donner en sécurité. Je donne à qui sait prendre soin
- Apprendre à cacher l’essentiel.. son intimité.
Mais personne ne devrait avoir à cacher sa couleur, ses origines, ses talents ou ses compétences.
Car la nature est biodiversité, la santé mentale aussi.
Bonne semaine à tous
Yannick.🤘
