Psycho-Philo

Vivre, un jeu d’enfant

Avez-vous parfois le sentiment de regarder le monde avec des yeux blasés, la sensation d’avoir perdu votre enthousiasme naturel et votre joie de vivre? Vous balader en forêt pour vous déstresser et entendre votre enfant observer un écureuil. Regarder votre ami ramasser un magnifique champignon à côté duquel vous êtes passé sans le voir?
 
Ce mois-ci et dans la suite du précédent article (les idées viennent ainsi à mesure:-) j’aimerais commenter avec vous cette citation du poète  Miguel de Cervantes:

 « Garde toujours dans ta main 
la main de l’enfant que tu étais »
 
 
 
Le mois dernier nous avons parlé de la compassion et de la façon dont nous pourrions nous parler comme nous parlerions à un enfant.
 
Cet enfant qui est en nous est ainsi souvent maltraité pour ne pas dire oublié, étouffé. Et si nous redonnions à cet enfant une existence, une voix, une place au fond de soi.
 

Pourquoi réveiller cet enfant qui dort bien (trop) sagement au fond de nous même?

D’une manière humoristique je pourrais vous répondre que la loi impose le respect de l’enfant, dans le cas contraire on qualifie de maltraitance sur mineur!

Mais réveiller qui? quoi?

 

On a tendance à enfermer l’enfant qui est en nous, à le traiter de gamin, de puéril. Mais qui est-il? Cette partie de nous même représente certes nos premiers traumatismes mais elle est aussi celle de nos premiers rêves, nos premières sensations, émotions, nos premiers mistrals gagnants ou nos premiers Dragibus pour les plus jeunes :-).

 
Cervantes nous invite à ne plus considérer l’enfant comme quelque chose à bannir mais quelque chose sur lequel se construire, à garder avec soi.
 

Une façon d’aborder le monde avec un certain regard.

En effet, l’enfant est celui qui vit dans cet instant présent contre lequel nous courrons (à tort et à travers dans ce blog). Il est ainsi ancré dans le monde à travers ses 5 sens. Pas dans le passé (certes il en a peu) pas dans l’avenir (beaucoup plus vous en conviendrez), non, ici, là, maintenant. C’est aussi celui qui se laisse guider par ses besoins fondamentaux : Manger à sa faim, dormir selon ses besoins et rire à volonté. C’est donc aussi celui qui observe le monde avec un œil neuf, naïf.
 
 

Et si c’était un jeu d’enfant? 



Bien souvent en tant qu’adultes nous acceptons l’idée que des enfants puissent jouer et s’amuser. Nous oublions aussi qu’il nous est possible d’en faire de même. Avec l’âge, les soucis, la routine certains d’entre nous ont laissé s’étioler, sans y prendre garde, la capacité de s’amuser d’un rien. Nous avons perdu l’habileté à prendre du plaisir et de profiter des choses les plus simples.

Jouer

Pourtant, selon la théorie des psychologues de la pensée humaniste dont Abraham Maslow, il semblerait que les personnes étant les plus créatives, talentueuses et heureuses dans leurs vies, sont celles qui ont su conserver intact un sens aigu de la curiosité ludique. De même elles gardent la capacité de s’émerveiller d’un rien, capacité qui est naturellement présente chez les enfants. Maslow ajoute même que c’est cette capacité là qu’il dénomme « fraîcheur d’appréciation » qui nous permet de regarder le monde avec émerveillement.

La capacité d’émerveillement 

 

La capacité d’émerveillement est une chose que possède naturellement l’enfant devant le monde. C’est précisément cette faculté qui nous intéresse ici.

 
Comment l’émerveillement pourrait-il enrichir votre vie ? Comment l’émerveillement parviendrait-il à nous donner ce sentiment de plénitude que nous recherchons tous ? Ce sentiment que nous percevons chez certaines personnes et dont nous pensons qu’il a quelque chose à voir avec la clé du bonheur.

C’est ce que je vous propose à travers ce blog : apprenez ou réapprenez à vous émerveiller et, vous verrez, votre vie en sera profondément changée.

Sentez moi ça

 
L’émerveillement est le produit de nos 5 sens; prendre les choses comme si c’était la première fois mais aussi et peut être comme si c’était la dernière. Difficile pour nous adultes de considérer les choses comme si c’était la première fois, comme le ferait un enfant. En revanche les considérer comme si c’était la dernière fois est, pour nous qui sommes conscients que la vie n’est pas éternelle, plus accessible.


 
J’aimerais ainsi vous raconter une histoire personnelle :
 

La Dame âgée.

 
J’ai dans mon entourage une vieille dame dont on ne connait plus l’âge et qui chaque année se demande si elle verra le printemps suivant. A l’écouter, elle me raconte que tout les matins elle se réveille, admire ses prés, ses vaches et le soleil qui se lève et cela l’emplit de bonheur. Elle sort, se promène à son allure et respire cet air, cette brise qui la caresse depuis si longtemps tous les matins, avec bienveillance. Elle me raconte alors son jardin, son chat, le sourire du facteur, les hirondelles sur le départ, comme si chaque jour était unique et cela suffit à son bonheur, cela suffit à son émerveillement.
 

Bonheurs simples

 
Mais d’écouter je n’oublie pas de regarder, d’observer ses gestes, ses mots, ses clins d’œil comme si chacun pouvait être le dernier. Chaque seconde, chaque minute passées en sa compagnie m’emplit d’un instant de bonheur, le dernier? Certes, mais un moment plein, un instant magique, émerveillé. Cette Dame âgée m’apprend rencontre après rencontre à profiter de l’instant présent, la mort les yeux dans les yeux, la vie ici et maintenant.



Comme l’a dit Victor Hugo:

« Aujourd’hui est le premier jour du reste de ma vie. »

 
Cette façon d’aborder le monde n’est pas très différente de celle du philosophe Epicure avec son Carpe Diem ce que j’ai pu développer dans cet article Philo du Plaisir
 
 

Mais comment faire ?

 
Avec les moyens du bord… nos 5 sens. En effet, nos 5 sens sont ceux qui nous permettent de profiter, de percevoir cet émerveillement. Être attentif à tout ce qui se passe, laisser peu à peu le monde venir à nous sans chercher quoi que ce soit. Cette attitude neutre est cette capacité à se laisser guider par notre attention. Comme vous le lirez en fin d’article (exercice pratique) cette faculté se rapproche fortement de la pleine conscience développée ici: La pleine conscience. Cette capacité, est un peu comme un muscle qui n’a pas travaillé depuis fort longtemps, elle s’entraine doucement et progressivement.
 

5 sens, 5 occasions

 
Commencez par observer autour de vous et cherchez le moindre détail susceptible de vous étonner. Bien évidemment si vous cherchez l’émerveillement, il y a peu de chance que vous le trouviez: cette bestiole demande à être approchée lentement, à être apprivoisée. Accepter de se laisser surprendre, ne plus chercher, laisser son attention vagabonder. Essayez au cours d’une balade de laisser votre regard vagabonder en focalisant toute votre attention sur ce que votre œil perçoit.
 

Pleine présence

L’émerveillement c’est comme le vélo, je pourrais vous l’expliquer pendant des heures cela ne vous avancera point, la pratique, rien que la pratique.

S’émerveiller c’est aussi refuser ce qui pourrait ternir cette capacité à saisir l’instant présent, l’Unique. Refuser l’aigreur de nos pensées (voir cet article Gérer ses pensées toxiques), mais aussi refuser l’aigreur ambiante. Oui les médias, notre entourage nous plongent parfois dans cette noirceur. Ne pas nous laisser plomber par ce qui ne nous concerne pas. Ce n’est pas faire preuve d’égoïsme mais simplement de protection. Encore que, l’émerveillement peut être communicatif et se transmettre à cette personne engluée.

 Et ça marche?

Être dans la gratitude ou l’émerveillement permettrait de vivre plus longtemps. En effet, des chercheurs ont ainsi examiné des lettres biographiques rédigées par les religieuses d’un couvent à l’âge de 20 ans, 40 ans et 70 ans. Des sémanticiens ont analysé la teneur du vocabulaire et quantifié les mots en lien avec les notions d’émerveillement, d’optimisme et de gratitude. Ils ont ensuite étudié leur état de santé. Ils se sont aperçus que les religieuses manifestant le plus cet état d’esprit positif à travers leurs lettres vivaient en moyenne sept années de plus que les autres. Cette étude a été réitérée dans des contextes plus courants et les résultats sont les mêmes. Ainsi, s’émerveiller serait bon pour la santé!

 

Petit exercice pour (s’entraîner à) atteindre l’émerveillement.

Comme d’habitude voici un petit exercice afin de vous aider à percevoir cette capacité à laisser parler l’enfant qui sommeille en vous.


Les trois vagues:



Notre cerveau perçoit l’environnement selon trois filtres issus de notre expérience passée du monde mais aussi de notre capacité génétique. En effet, nous ne percevons pas tous le monde de la même manière, d’une manière naturelle nous pouvons être pessimiste, optimiste et notre passé nous y aide grandement. Là n’est pas la question de voir le monde en rose. encore une fois, les hippies ne sont pas de mon goût, l’idée est de voir le monde tel qu’il est : magnifique.

Ainsi, notre cerveau perçoit le monde à travers trois vagues.

 
Imaginez vous face à l’océan observant les vagues venir s’échouer sur le rivage où se posent vos pieds.
 
La première vague représente ce dont nous avons peur « est-ce que ces vagues ne vont pas m’emporter? ». Le cerveau perçoit ainsi ce qui lui fait peur et ceci est avant tout protecteur. Réagir à ce moment nous ferait réagir par peur mais y a-t-il menace?
 
Laissez venir la seconde vague, celle du désir. A travers cette vague nous percevons dans le monde ce que nous voulons voir « on dirait un dauphin là, au milieu des flots ». Une fois de plus réagir ici se ferait sur nos désirs mais toujours selon une perception filtrée du monde.
 

Attendez donc de laisser passer la troisième vague, celle de la réalité. Vous percevez alors le monde sans autre filtre  ce que vos 5 sens peuvent vous permettre. Cette troisième vague vous offre la possibilité de vous émerveiller de ce monde qui s’offre.

 

La méditation est une pratique où l’enfant intérieur (lire ceci prendre soin de l’enfant intérieur) est important. Vous trouverez dans ce blog une façon de s’émerveiller dans différentes situations de la vie quotidienne: La pleine conscience pour les nuls

Pour terminer, une nouvelle citation histoire de prolonger votre réflexion au delà de cette article
 
 
« on peut être riche, si l’on ne sait pas s’émerveiller, on est pauvre » Bertrand Vergely
 
J’espère avoir pu vous donner envie de vous émerveiller de tout et de rien (surtout d’un rien). Comme vous avez plus le constater j’ai constamment cité des articles de ce blog. Ceci souligne à quel point cette notion d’émerveillement, l’enfant et ses qualités, sont omniprésentes dans notre vie.
 
Yannick
 

Psychologue aux multiples influences je base ma pratique de prise en soin sur la thérapie d'acceptation et d’engagement, la psychologie positive ainsi que les thérapies cognitivo-comportementales. En institution, en cabinet de ville, en formation professionnelle ou encore en tant que Blogueur ma vision de la personne en souffrance est bien celle d'une personne non pas "malade" mais plutôt "coincée": En devenir. C'est ainsi à travers une pratique mêlant psychologie, philosophie, humour et métaphores que je voue mon activité professionnelle à aider la personne à avancer vers ce qui compte pour elle.

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