Sortir du brouillard et chercher le soleil…
Bonjour à toutes et à tous,
J’avais envie de partager cette photo avec vous. Elle est très évocatrice pour moi, ainsi j’aimerais explorer avec vous mes réflexions, que vous soyez dans le brouillard ou non. Elle a été prise un dimanche après-midi sur les hauteurs du Bugey (500m d’altitude).
Si vous êtes au fond du trou cette photo est pour vous.
Si vous avancez en cohérence avec vous même cette photo l’est aussi.
Vous êtes dans le brouillard là en bas?
Ne désespérez pas le soleil n’est pas loin. Mais comment atteindre le soleil ? Vous pourriez râler contre ce brouillard qui est là depuis si longtemps et dont vous avez l’impression qu’il ne se lèvera jamais. Ceci d’autant plus que vous savez que d’autres vous ont dit qu’ils l’avaient Le Soleil! Il est louable d’essayer de le faire partir avec n’importe quel moyen ingénieux, il revient aussitôt. De même que courir droit devant sans réfléchir, pour le fuir. Il vous suit.
Sisyphe et son Boulet
Cette photo symbolise à mon sens une façon de vivre sa souffrance. Lorsque nous souffrons ou ressentons des émotions ou pensées désagréables nous agissons bien souvent pour ne pas les ressentir et que se passe-t-il? Elles reviennent, inlassables, pour ne pas dire qu’elles s’amplifient. J’écoute les Pink Floyd pour me sentir bien… et ce sont les Pink Floyd qui me stressent maintenant! » ou « je fume pour me déstresser et je stresse désormais d’être dépendant ».
Que dire quand enfin nous arrivons enfin à nous en extirper (du brouillard ou de notre souffrance)? Nous craignons aussitôt d’y retomber. En effet, lorsque je monte au somment de cette montagne pour ne plus voir ce brouillard quelle est la première chose que j’observe? Le brouillard justement : « ouf je n’y suis plus ». Que ressens-je alors lorsque la journée se termine? De la déception et me dit « pfff encore ce fichu brouillard ».
La lutte
Plus nous agissons pour être bien (et donc fuir la peur, l’angoisse) plus nous serons mal, dit en substance Russ Harris dans un de ses livres. C’est quelque part la même histoire dans cette photo.
Plus je fuis le brouillard, plus je le retrouve en me disant « pff ya plus de soleil ». Mais vous êtes déjà au soleil? Super! Il arrive heureusement souvent que nous soyons plus proche de la lumière. Mais en prenons nous conscience? Pas toujours.
En effet, étant donné que nous avons toujours été au soleil depuis le début de la matinée nous ne prenons pas conscience de notre situation par rapport à ceux d’en dessous. Il peut même alors arriver que nous râlions alors parce qu’il il y a du vent ou bien qu’il fait froid. Idem lorsque tout se passe bien, notre insatisfaction chronique nous porte à mésestimer notre état et même créer du désagrément là ou franchement nous vivons pas si mal que ça (voir cet article sur le « j’aime mon pays »).
Tout est relatif…
Effectivement à ce moment de votre lecture je vous entends « Bon ben il est sympa Yannick mais que l’on soit au soleil ou dans le brouillard on est à coté de la plaque? ». Bien sûr que non. Cette photo prise lors d’une balade me fait toujours le même effet et je la montre souvent à mes patients lorsqu’ils n’observent pas toujours la situation d’une manière efficace mais aussi pour me rappeler à moi même (que je sois aussi en bas ou en haut) qu’il y a une autre façon de porter notre (mon) regard sur la vie.
…Et de point de vue
Effectivement c’est bien une histoire de point de vue: explication.
Lorsque vous êtes en bas empêtrés, dans cette purée de poids, que vos pensées ou vos émotions ne vous permettent pas de voir plus loin que le bout de votre nez, il n’est pas forcément facile d’agir pour vous rapprocher de ce qui compte pour vous. Entreprendre le changement, comme en thérapie mais pas uniquement (heureusement que le changement se réalise pas qu’en thérapie d’ailleurs), il faut affronter ce froid, ce brouillard qui mords les os, accepter de ne rien voir au début pour ensuite trouver la lumière.
Dans cette idée il est important de pouvoir faire la place à ces ressentis désagréables pour rejoindre le soleil et ensuite profiter. C’est ainsi la même chose dans nos comportements, il nous est parfois nécessaire de consentir à ressentir la peur, l’angoisse d’agir malgré cette vieille pensée « t’es nul(le) », « tu n’y arriveras jamais ».
Accepter …
Accepter et s’engager telle est la philosophie pour enfin rejoindre le soleil, le changement.
Si j’écoute ma tête ou mes émotions, je reste chez moi en bas et rumine ce brouillard. A écouter ma tête me dire que je n’y arriverais jamais, je ne tente rien et reste là, loin de ce qui compte pour moi. Pourtant, vous y êtes arrivé(e)s la dernière fois, mais à chaque fois lorsque vous êtes rentré(e)s en bas c’était pire, comme je l’ai évoqué plus haut.
Là aussi un changement de perspective s’impose. Plus nous cherchons à fuir nos émotions ou pensées (essayez de ne pas penser à un éléphant rose) plus elles reviennent, c’est le même mécanisme ici.
Le but est le chemin
Imaginez maintenant que vous alliez courir là en bas, si vous courrez pour fuir le brouillard il va se passer le même mécanisme que je viens d’évoquer. Mais que se passe-t-il si vous courrez maintenant pour rejoindre le soleil. Que peu importe le brouillard, ce qui compte c’est rejoindre cette douce chaleur… votre motivation n’augmenterait-elle pas? Une fois redescendu(e) que se passerait il? « Ah tu sais quoi j’ai vu le soleil!! » pourriez vous dire à vos amis restés en bas. C’est la même chose au sens de nos vies.
…et s’engager.
Agir pour nous rapprocher de ce qui compte (nos valeurs) confère à nos actions une tout autre saveur.
Qu’en est-il si vous êtes en haut, au chaud. Prendre conscience de l’instant présent, et en profiter comme si c’était une rareté qui ne devait jamais durer. Prendre conscience des moments ou nous sommes en cohérence avec nous même est aussi important que de savoir se sortir du brouillard, ne serait-ce pour ne pas y tomber. C’est important car c’est justement ce à quoi nous sommes assez peu entraînés, savourer les moments « sucrés » les « candy moment ».
Laisser entrez le soleil
Accepter de faire la place à un compliment, accepter de profiter des choses agréables forge en nous confiance et estime de nous. C’est de cette façon que nous surfons durablement au dessus des nuages. Et quand bien bien même nous nous y retrouvons, l’énergie emmagasinée lorsque cela allait bien nous sert pour accepter que cela aille moins bien et nous aide à remonter avec confiance. Car le brouillard ne dure jamais, de même que le soleil ne brille jamais ad vitam.
Je terminerais en disant que l’important est pouvoir faire de la place à nos ressentis qu’ils soient agréables ou non pour toujours se dire « mais qu’est-ce qui est important pour moi? » ou selon une formulation connue en thérapie d’acceptation et d’engagement « que suis-je prêt à accepter de ressentir ici et maintenant pour mieux me rapprocher de ce qui compte pour moi ».
Bon début d’année à tous
Yannick
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