Psycho-Pratique

Comment rendre sa vie plus sensationelle et moins raisonnable?

Bonjour à toutes et à tous,

Dormir, manger, se rencontrer, faire l’amour, élever un enfant et allaiter, respirer…etc. Ce sont autant de comportements que nous avons en commun avec le lapin. Pourtant ce sont tout autant de conduites qui nous posent problèmes et pour lesquelles nous avons des livres, des  tutoriels, des médecins voire des médicaments pour nous aider. Nous en portons nous mieux? Humm la réponse est malheureusement claire. Non.

La raison? eh bien la déraison de la raison 😉

J’aimerais ainsi, ce mois ci, ouvrir avec vous une réflexion autour du chemin parfois perdu du sensationnel, du ressenti, du corps versus celui de l’idéal, de la raison, de l’esprit concernant la satisfaction de nos besoins fondamentaux..

L’oraison perverse de la Raison


Ces comportements automatiques ou non sont là depuis la nuit des temps. Bien avant que l’humain soit « celui qui sait » Homo sapiens sapiens. Il sont le fruit et le déterminant de notre survie et pourtant ils n’ont peut être jamais été aussi perturbés, détraqués, théorisés. Imaginez s’il avait fallu réfléchir pour se reproduire, trouver sa nourriture? Il est fort à parier que nos lointains ancêtres n’auraient pas fait long feu et que l’espèce se serait éteinte en peu de temps.

Pourtant, nous avons traversés 400 millions d’années avec ce kit de survie: notre cerveau reptilien. S’il y a une chose que l’Homme sait faire par nature c’est bien dormir, manger et se reproduire! Et notre cerveau ancestral, c’est son boulot.



Sauf que. Sauf que tout se passait pour le mieux jusqu’à ce que. Jusqu’à ce que nous découvrions le langage, la raison, la réflexion il y a  environ 3.6 Millions d’années.

Sauf que c’est bien beau un cortex tout neuf mais l’heure est désormais à la prise de tête.

Pourquoi? Comment? Et si?


En effet, à se poser trop de questions, ce cerveau « dernière génération » met alors la pagaille chez notre vieux modèle reptilien gérant la reproduction, le sommeil…etc.

Depuis, l’homme lit, visionne, consulte. L’homme réfléchit pour s’alimenter, se reproduire, dormir et élever ses enfants parfaitement. Règne du cortex évolué!

Ainsi, depuis Platon, nous vivons alors dans un idéal de vie, un idéal d’Homme. Nous avons contrôlé le monde et nous cherchons alors à contrôler nos instincts avec ce cortex. Quoi de plus normal certes, sauf que, plutôt qu’accepter que ces besoins ne sont pas accessibles à ce contrôle, que faisons nous? Plus de contrôle!

Paul a un examen dans 15 jours, il a peur de ne pas dormir. Il lit un livre sur le sommeil, se pose cette question en boucle « et si je ne dors pas » ou  encore le soir en se couchant « il faut que je dorme« …. Paul réfléchit plutôt que dormir, il se fatigue ce qui augmente encore plus la pression sur le sommeil, le rend angoissant…. la spirale infernale de la raison qui résonne et qui déraisonne Paul.

Prenez cet exemple et Changez le prénom, la raison importante qui légitime la pression, le comportement par un autre (rencontrer un partenaire, manger, allaiter…etc). Cela marche à tout les coups.

Alors pourquoi cela ne marche pas?

Paul cherche à contrôler ses comportements instinctifs à l’aide de son cortex raisonnant plutôt que de s’en remettre à son instinct, ses sensations.

Le primat de l’intelligence sur l’instinct.

Le débat n’est pas nouveau car déjà Platoniciens, idéalistes et pourfendeurs de la raison et de l’intelligence féraillaient jadis avec les philosophes matérialistes, tels Épicure, Diogène.

Notre culture est bien influencée par le culte de la raison, la tête bien pleine, bien ordonnée de Kant, Descartes et compagnie versus la tête bien faite de Spinoza, Nietzsche.

Corps versus esprit. 

Ce n’est pas nouveau mais un dernier élément nous pousse encore un peu plus dans ce contrôle

Homo Digitalus

En plus de s’idéaliser l’homme se digitalise. Ce qui est bien un paradoxe car digit signifie « doigt » en latin et a trait au toucher! En effet, nous avons de moins en moins de contact avec le réel, avec nos 5 sens. 

Le voient-ils, L’entendent-ils le concert?

Combien d’hommes et de femmes préfèrent courir avec un casque sur les oreilles? Combien d’entre nous dormons parce que nos signaux nous l’indiquent ou plutôt parce que notre montre digitale nous y invite? Combien d’entre nous avons des applis et autres gps pour nous aider à vivre (ou survivre) et perdre notre sens de l’orientation? Ok google, est-ce que j’ai faim?

Le problème de ce rapport au réel est qu’il nous coupe du réel lui même. Nous cheminons alors sans boussole intérieure et nous nous perdons  au hasard des sollicitations publicitaires. Plus encore il le travestit. En effet, ce que me raconte ma tête me fait alors plus d’effet que ce que mon corps ressent. Qu’en sera-t-il pour ces enfants qui n’auront connu que le concept mais peu l’objet?

 Le capital s’est alors engouffré dans ce bel océan d’idéal. Les instincts sont dès lors commercialisés. Être un bon père, une bonne mère… la performance nous pousse à contrôler nos instincts pour notre triste fin. Manger bien, Dormir bien, Aimer Bien, Élever Bien…etc Business as usual.

Nous mangeons, respirons, observons l’idéal. C’est alors comme manger une pizza surgelée « parfaite » en pensant à la photo plutôt qu’en la percevant avec nos 5 sens. J’élève plus mon enfant en fonction de ce que j’ai lu plutôt qu’en fonction de mon enfant lui même! 


Chut up and close your eyes: Se (re) faire confiance


Si nous arrivions à laisser un peu notre radio intérieure de coté, si nous arrivions à redonner à nos sens leur réel pouvoir de capter le réel?

Pour la laisser de coté je vous conseille de lire cet article Comment gérer ses pensées

Le chemin est bien à trouver du côté du sensible, du sensoriel. Rendre notre vie sensationnelle. Tout n’est pas perdu même si la technique prend le dessus. Car notre raison n’est pas à jeter aux orties, tout est affaire d’équilibre, comme toujours. La vie est équilibre. Ainsi dans ce travail d’ancrage au réel, au sensationnel, les pratiques de méditation de pleine conscience, le yoga ou autres nous enseignent alors à revenir au corps ressenti. 

Ainsi pour découvrir ce chemin, cette voie à laquelle nous invite la pleine conscience  lisez ces deux articles:

Introduction à la pleine conscience

La pleine conscience pour les nuls


Se refaire confiance c’est ainsi écouter ses sensations, ses désirs qui sont à peu près les mêmes qu’il y a quelques millions d’années, faire l’amour, manger un bon plat et dormir en sécurité. Finalement mon Lapin avait bien raison sans raison(nement).

Faire preuve de pleine présence. Ici là maintenant, comme un lapin qui regarde le soleil se coucher. 


Écouter ses signaux c’est alors moins réfléchir qu’observer ce que notre corps nous dit.

De cette manière nous retrouverons alors la faim, la satiété dont l’absence nous porte au surpoids. Grâce à ce chemin point besoin de sextoy ou autres adjuvants pour trouver le plaisir, une pleine présence au corps, à l’autre (lisez sur le tantrisme) vous conduira au nirvana. Portons pleinement attention à nos enfants et nous les connaitrons tels qu’ils sont et pas seulement comme nous aimerions les voir. 

Pour aller plus loin lisez ceci sur élever son enfant en pleine conscience   Elever un enfant comme on jardine

Revenir à l’instant présent, au réel, c’est alors se laisser guider, sans efforts, à redevenir au service de nos besoins fondamentaux comme une injonction à notre propre conservation.

Difficile alors avec cet article « numérique » de nous amener au sensible mais avec un petit exercice ça ira mieux

Le pur plaisir d’exister


« Avec une miche de pain et une cruche d’eau, je rivalise de bonheur avec Zeus »
 
 
Appliquons pour partie cette maxime d’Épicure et tentons de retrouver ce simple bonheur de boire de l’eau.

 
 

  • Prenez un verre d’eau fraichement écoulée de votre robinet
 
 

Imaginez que ce verre d’eau soit le premier (ou le dernier) de votre vie. L’unique et le seul premier verre d’eau.

Observez attentivement cette eau, sa transparence. Portez pleinement attention à sa surface, lisse, parfaite. La perfection est bien là, sous vos yeux. D’une rareté extrême. Puis, fermez les yeux et buvez, goutez, écoutez cette eau  s’écouler et se fondre dans votre corps. Portez attention à la première sensation perçue mais aussi la seconde et enfin la dernière. Non pas celle une fois que l’eau a quitté votre bouche, non la dernière dans votre corps, cette sensation c’est La VIE et elle est en vous. 

La vie est et a été sensationnelle 
avant d’être raisonnable


Allez, il suffit, quittez donc cet affreux article « numérique » qui, lui aussi, fait partie de cette tentative de comprendre à outrance. Prenez quelques instants s’il vous plait pour porter attention à ce que votre corps vous raconte une fois cet article clos…et rivalisez de bonheur avec Zeus!

A bientôt

Yannick
 

Psychologue aux multiples influences je base ma pratique de prise en soin sur la thérapie d'acceptation et d’engagement, la psychologie positive ainsi que les thérapies cognitivo-comportementales. En institution, en cabinet de ville, en formation professionnelle ou encore en tant que Blogueur ma vision de la personne en souffrance est bien celle d'une personne non pas "malade" mais plutôt "coincée": En devenir. C'est ainsi à travers une pratique mêlant psychologie, philosophie, humour et métaphores que je voue mon activité professionnelle à aider la personne à avancer vers ce qui compte pour elle.

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