
Un jeune étudiant, qui rêvait de devenir le plus savant des hommes, entendit un jour parler d’un vieux sage. Il était, parait-il, le plus savant de tous et n’en continuait pas moins à pratiquer son métier de forgeron.
Lorsqu’il le trouva enfin, il se jeta aux pieds du vieil homme.
– Que désires-tu, mon fils ? demanda le forgeron.
– Apprendre de toi la sagesse.
Pour toute réponse, le forgeron lui tendit la corde qui actionnait le soufflet de la forge, et lui dit :
– Tire la corde.
Et, du matin au soir, le jeune homme tira la corde. Les jours suivants, il tira la corde. Des semaines. Des mois.
Au bout d’un an, il osa demander :
– Maître, je voudrais apprendre…
– Tire la corde, ordonna le forgeron en poursuivant son travail.
De nouveaux mois passèrent. Le jeune homme n’osait plus questionner.
Mais, au bout de cinq ans, ce fut le maître qui lui adressa la parole :
– Mon fils, tu peux désormais retourner chez les tiens.
– Mais, Maître, répliqua son disciple, je veux apprendre. Enseignez-moi !
– Alors, tire la corde, répondit le forgeron.
Et il se remit au travail.
Cinq nouvelles années passèrent.
Le disciple semblait avoir oublié la raison de sa venue. Ce fut le maître qui revint lui parler :
– Mon fils, tu peux à présent retourner chez les tiens. Toute la sagesse du monde est en toi. Je t’ai enseigné la patience.
Le disciple reprit le chemin de son village.
Que nous apprend ce conte en psychologie ?
Qu’une thérapie, comme tout apprentissage, prend du temps.
Comme toute affection de santé cela prend du temps de se soigner et je suis souvent surpris de voir mes patients frustrés de ne pas être en forme 2 mois après un burnout alors qu’on met une année pour un ligament croisé.
Que plus nos attentes sont élevées plus on s’éloigne du but. Lâcher prise c’est laisser faire. Toute pratique thérapeutique nécessite de modérer ses attentes et c’est arrêter de se mettre la pression et faire confiance au psy.
Le concept de thérapie brève est ainsi à relativiser, rien n’est magique.
Bonne semaine à tous,
Yannick 🤘
Extrait des « Philo-fables », par Michel Piquemal

