Psycho-Philo

Pourquoi les gens sont comme ça? S’accepter et accepter l’autre

Bonjour à toutes et à tous,

 Cette photo  est venue résonner avec une pensée que me raconte souvent ma tête
 « pourquoi les gens sont comme ça? »

 

 Je m’explique. Je suis sidéré par le fait qu’au sein de mes consultations je trouve des personnes sensibles, ouvertes, tolérantes. J’observe avec elles une partie d’elles-mêmes qu’elles méconnaissaient ou qu’elles cachaient bien au fond. Et, une fois sorties de mon cabinet l’ambiance est à la fermeture, l’intolérance, l’insensibilité: sortez les parapluies!


L’un cache sa sensibilité, l’autre ses défauts. L’une cache ses tâches de rousseur, l’autre ses rondeurs.
Mais pourquoi?

Alors, évidemment, la réponse à la question « pourquoi? » n’est pas simple, mais elle peut tenir en un mot:

Défense.


Oui, une fois sorti de ma cage de Faraday, comme je nomme ma salle de consultation, tout se transforme sur un simple impératif vital: se défendre.

Ceci explique pourquoi je ressens parfois une sorte de vide existentiel lorsque je sors justement de ma cage de Faraday. Où sont ces gens sensibles, ouverts? Où est passée cette part soit disant obscure de chacune de ces personnes (pas toutes bien sûr) qui me fait parfois halluciner quant à certaines réactions, en voiture, à la télévision, devant une cours d’école ?

De cette photographie m’est donc venue cette réflexion. Chacun de nous se cache, se protège sous un parapluie. Bien sûr, il est important de se protéger lorsqu’il fait mauvais temps, lorsqu’il pleut. Il est important de se défendre lorsque nous sommes en danger. C’est même un instinct. Mais se protéger de quoi? Le savons nous?

Repli


Le problème se pose lorsque le parapluie ne se replie plus, lorsqu’on se protège en permanence: Défense. Nous observons le monde alors à travers un filtre où l’autre est un potentiel agresseur, voleur, profiteur… Je ne nie pas qu’ils existent, mais comment faire la différence entre un « bon et un mauvais chasseur » lorsqu’on a ce parapluie en permanence devant les yeux?
Les médias, l’ambiance du moment nous invitent à mettre ces parapluies, à se protéger des autres, de ce qui pourrait arriver (la planète, les agressions, l’incivilité…etc). Mécanique Orwelienne de maitrise des masses, si vous avez lu « 1984 », mais aussi la pression sociale qui, au final, nous invite à correspondre à ce que l’on attend de nous. Et ainsi à mettre un beau parapluie « politiquement correcte » et à faire le caméléon au détriment de soi. Cultiver les passions tristes pour reprendre Spinoza (traité dans cet article).

Sortez les parapluie

Parapluie, derrière lequel, moi même il m’arrive de me cacher et que je pose avec joie au sein de ce blog.

Ce parapluie, louable stratégie de défense, devient alors un mur, un bunker au fond duquel nous nous enfermons.
Le problème dans tout cela, et c’est ce qui me met à la fois en colère mais aussi m’attriste, c’est que nous cachons alors cette plus belle partie de nous, nous l’assignons à la résidence de l’oubli.

Ces parapluies sont le signe de notre parfois superficialité, certains deviennent agressifs (parce qu’il ne faut pas se laisser faire) en permanence, ou certaines toujours souriantes (parce qu’il fait faire bonne figure), d’autre tout aussi neutre (parce qu’il ne faut pas faire de vague).

L’enfer n’est alors plus les autres comme aurait pu le dire Jean Paul Sartre, l’enfer c’est nous.
En effet, à se couper de soi, à se protéger, à oublier une partie de nous même nous sommes condamnés à errer comme un fantôme sans son drap. Sauf que cette partie de nous est très certainement la plus belle, la plus lumineuse, la plus utile au monde.

Sans les autres je suis sans Moi


Je parle ici de ce que nous avons parfois honte de présenter au monde de la sensibilité certes mais aussi de la folie et nous fait poser la question sur ce que nous cachons « suis-je normal.e », comme j’ai pu en parler ici (« Suis-je normal.e? »).

Ainsi, caché.e.s derrière notre parapluie,
on pense et continue à penser que l’enfer c’est les autres et qu’il faut s’en protéger et cacher cette partie de nous, faire diversion comme ce poisson qui s’invente une tâche sur la queue pour tromper son ennemi, le tromper sur ce qu’il est vraiment.
Mais, à se couper de cette partie, l’enfer devient vraiment nous -même. Explication. 
Contrairement à ce que l’on pense les problèmes relationnels ne se jouent pas entre nous et l’autre mais bel et bien entre nous et… nous-même.

Je suis, je suis trop, je ne suis pas assez.

 Comment percevons-nous l’autre lorsque notre tête nous dit « tu n’es pas assez bien », « tu es trop sensible » ou encore, et la liste est parfois longue, « tu es vulnérable ». Comment marchons, parlons, respirons, entendons-nous?
Se dire je suis vulnérable contient alors implicitement que l’autre / le monde est dangereux. Se dire je suis trop sensible c’est considérer que les autres sont « eux » parfaitement insensibles et « forts ». Vous l’aurez compris par ce mécanisme d’oubli, de lutte contre soi, l’autre est alors perçu négativement. Ce qui a pour effet  de nous agripper à notre parapluie, « ce n’est pas moi, ce sont les autres… » 
 Ce mécanisme est connu en psychologie comme celui de la projection. Si nous ne nous acceptons pas nous-même, il semble alors impossible d’accueillir l’autre.


Ainsi, sans aller sur le terrain politique, c’est de cette façon dont nous créons l’étranger.En effet, lorsque nous vivons constamment sous notre parapluie c’est aussi une façon de nous rendre étranger au monde qui nous entoure. Les peurs, projetées sur l’autre, sont avant tout les nôtres. Je ne m’étendrai pas plus sur ce sujet car il fera l’objet d’un article sur le « soi » et l’estime de soi.

Étranger à l’autre, étranger à soi même.

Ce que C.J Jung développe en disant que l’on ne peut avoir de contact avec l’autre si on ne l’a pas avec soi même et donc, inversement, on ne peut avoir de contact avec soi, voir la lumière en soi si on ne la voit pas chez l’autre.


Mais, sachons reconnaitre que notre soi se développe au contact de l’autre. A lutter contre les autres, on en vient à lutter aussi contre soi. Lorsque l’on manque de respect à l’autre c’est à soi-même que l’on manque de respect et inversement.
Le connais toi toi-même de Socrate passe quelque part par la connaissance de l’autre ces deux mouvements sont alors indissociés et indissociables.

Difficile à réaliser sous un parapluie.


Je ne dis 
pas, bien évidemment, qu’il faille définitivement poser le parapluie car il y a bien des gens toxiques, mauvais, mais ce n’est pas la majorité et comme a pu me le dire un psychiatre il y a longtemps « Mr Descharmes remerciez cette  personne (cette ennemie) pour ce qu’elle a à vous apprendre »…. apprendre à nous connaitre.Tomber le parapluie oui mais sans tomber la chemise. S’ouvrir ne veut pas dire se rendre vulnérable, se soumettre.

Ainsi, en posant le parapluie, en acceptant de nous montrer dans notre plus simple vérité, sans effacer ce que nous jugeons inutile, honteux ou dangereux c’est faire de la place à des relations à l’autre plus profondes mais surtout, nous pouvons nous en nourrir comme j’aimerais vous le démontrer à présent.



Plaidoyer pour une revendication de soi pleine et entière.

Je vous l’ai dit, depuis près de 20 années de pratique de soin (pratique de soi), je ne cesse de porter mon regard sur cette partie de nous qui sommeille et qui est pourtant la plus belle. Cette partie contre laquelle on lutte.

A porter son parapluie on se protège certes, nous l’avons, vu mais surtout on se prive de soi.

Et si cette partie de nous-même était non pas un truc à jeter mais bel et bien une immense source de richesse et de créativité?

En effet, nous sommes dans une société qui cherche à normaliser – tous derrière le même parapluie politiquement correct – mais qui en même temps s’extasie devant la différence. Schizophrénie non?

Un art de soi


Si l’on prend les arts. Qu’est-ce qui nous touche, nous interpelle, qui nous rend fans si ce n’est le soi-disant côté obscur de l’artiste: Gainsbourg, Dali, Houellebecq, Verlaine…etc. Un « je ne sais quoi » qui émeut et nous touche au plus profond de nous même.  Qui seraient-t-ils et qu’en serait-il s’il avaient mis le parapluie sur ce qu’ils n’acceptaient pas, sur ce qu’ils craignaient de l’autre. Transgressons nos peurs et posons le parapluie, observons et rions même de cette partie de nous même comme je vous y ai invité.e dans cet article (le bonheur de la transgression)
 
Mes remerciements à Dali de nous avoir ouvert les portes de lui-même
Folie ou génie, une question de point de vue..de l’auteur
Imaginez Dali mettre un parapluie là-dessus…
Oui je vous entends vous dire, « mais moi je ne suis pas ces gens là, je ne suis pas un génie »
Ben… justement si, vous êtes votre propre génie créateur.
Sans rentrer dans le détail de ce que l’on appelle l’esthétique en philosophie (voir cet article) et le fait de faire de sa vie une œuvre d’art, pour créer sa vie, il devient nécessaire de faire avec soi et non contre soi. 

 

Du bonheur de percevoir la pluie sur son visage


Si nous posions le parapluie pour enfin percevoir la pluie (l’autre, les événements indésirables, nos émotions…etc) non plus comme quelque chose de quoi se protéger mais bel et bien comme une occasion de fertilité, une occasion de création? Je vous rappelle que nos 520 millions d’années d’évolution sont le fruit d’événements indésirables. 

Nous sommes tous nés d’une goute de pluie.

De cette manière en s’ouvrant à l’autre, à ce migrant par exemple, mais aussi en s’ouvrant à l’imprévu, à la souffrance, l’occasion nous est donnée de nous connaitre mais aussi de nous réaliser, de grandir: de nous créer œuvre d’art. Sans jugement, sans repli, juste là tel quel et pour paraphraser Joseph Schovanec à propos de l’autisme:


Nous faisons tous partie de la biodiversité, alors à quoi bon un parapluie?


Remercions ce non-soi, cette différence contre laquelle on se protège. Même si elle dérange ce n’est par contraste que nous nous connaissons. Le racisme vous met en colère? Remerciez cette colère, et cette personne, elle vous apprend que la tolérance est une de vos valeurs. La violence ou la cruauté vous rend triste, ne l’occultez pas, observez la car elle vous apprend peut-être que la douceur est un de vos constituants. Plus le monde sera cruel plus il vous invitera ( ou rendra nécessaire de ) à développer votre douceur et donc à développer plus de vous (si la douceur fait partie de vos valeurs). C’est en ce sens que mon ancien psychiatre m’invitait à remercier mon ancienne ennemie car en l’observant j’ai su qui j’étais.

Si je n’étais pas elle c’est que j’étais moi


Pour reprendre l’idée de l’article précédent sur le cadrage, ce ne sont pas les autres, ce ne sont pas les parties de nous qui posent problèmes mais bel et bien la façon dont nous y faisons face. Le repli sur soi, sous le parapluie, n’est alors en aucun cas un repli « sur » mais plutôt « contre » soi.

Cet article est alors une réflexion sur l’acceptation de soi, de ses ressentis désagréables, de nos défauts qui sont autant de qualités, une acceptation de l’autre. Acceptation ne veut pas dire résignation mais plutôt une prise de conscience, « c’est là », pour ensuite en faire quelque chose, réflexion que je reprendrai prochainement sur la construction de soi.

Ce quelque chose c’est toi

 Ne refusons pas la différence, ce qui n’est pas soi, car ce n’est qu’en relation que nous sommes.

Poser le parapluie

En effet, poser le parapluie et tenter de s’accueillir soi tel.le.s que nous sommes peut nous permettre des relations plus authentiques, plus profondes. Bien que notre tête nous dise que nous sommes en danger il en ressort que nous sommes plus forts car il n’y a plus rien à cacher plus rien a avoir honte. Mais surtout, en acceptant d’être soi, nous invitons l’autre à en faire de même. Voilà pourquoi les relations sociales que j’ai au sein de ma cage de « faraday » sont sincères et voilà pourquoi en n’étant pas soi les autres ne le sont pas non plus.


Ainsi pour appuyer ma réflexion et peut être vous convaincre que ce que vous cachez sous ce parapluie est une mine d’or, que celui dont vous vous protégez derrière ce dit parapluie est une richesse voici un petit exercice:


De la construction de soi

 

Premier exercice

 
    • Fermez les yeux et imaginez durant quelques minutes « ce que vous n’êtes pas assez »
    • Notez le sur un morceau de papier
    • Fermez les yeux de nouveau et réfléchissez depuis combien de temps vous luttez à être ce que vous n’êtes pas assez »
    • Notez alors le nombre d’années en dessous

                  Prenez quelques instants pour observer votre « Lutte »

  Si vous aviez mis toute cette énergie à lutter contre ce « je ne suis pas assez », sous ce parapluie, à construire une maison. Quelle taille aurait la maison?
Cette maison, c’est vous, libre à vous de construire une maison de soi ou bien une maison fantôme…

Deuxième exercice

  • Fermez les yeux: Imaginez en quoi vous a aidé ce « je ne suis pas assez ». Imaginez les avantages « à ne pas être assez ».
  • Êtes vous toujours aussi sûr de vouloir lutter, enlever cette partie de vous?
   
Si vous n’aimez pas cela, quelqu’un l’aimera pour vous alors ne privez pas l’autre, le monde, d’un prix Nobel ,d’une œuvre d’art, d’un chef d’œuvre….


 
  « Nul ne peut avoir de lien avec son prochain s’il ne l’a pas avec lui même »
C.J Jung

Psychologue aux multiples influences je base ma pratique de prise en soin sur la thérapie d'acceptation et d’engagement, la psychologie positive ainsi que les thérapies cognitivo-comportementales. En institution, en cabinet de ville, en formation professionnelle ou encore en tant que Blogueur ma vision de la personne en souffrance est bien celle d'une personne non pas "malade" mais plutôt "coincée": En devenir. C'est ainsi à travers une pratique mêlant psychologie, philosophie, humour et métaphores que je voue mon activité professionnelle à aider la personne à avancer vers ce qui compte pour elle.

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