Chronique d’une nature inspirante đł 3/4; HPI, surdouĂ©s et autres Hypersensibles đ§
Bonjour Ă tous,
TroisiĂšme volet de ces chroniques dâune nature inspirante. Cette semaine, les surdouĂ©s, les hauts-potentiels, les hypersensibles. Une histoire de mode dâemploi ?
Je dois vous avouer (au risque de mâattirer les foudres de certains) que je ne suis pas trĂšs fan avec ces catĂ©gorisations de lâĂȘtre humain. Connaitre ses diffĂ©rences, ses particularitĂ©s câest essentiel, mais câest aussi sâenfermer dans une case et bien souvent rester comme ce bateau⊠en cale sĂšche Ă ne savoir quoi faire de ce soit disant don de la nature. Mettre des Ă©tiquettes nous essentialise au sens de Sartre et nous transforme en objet moins quâen sujet. On cherche, tels des post-it, Ă coller Ă cette Ă©tiquette de lâĂȘtre. Ainsi, plutĂŽt que crĂ©er des catĂ©gories parlons de mode dâemploi.
Tous dans le mĂȘme bateau, mais pas tous les mĂȘmes bateaux. Voici la façon dont jâexplique les problĂ©matiques dâhypersensibilitĂ© et des cerveaux qui turbinent Ă mes patients.
Son bateau Ă soi đ¶
Ainsi, nous sommes tous des voiliers avec diffĂ©rentes coques. Tout comme nos corps qui ne sont pas tous similaires – je mesure 1m95, ce nâest pas une vue de lâesprit, câest un fait physique – de mĂȘme, lâintelligence et la sensibilitĂ© sont avant tout une histoire de biologie, on nây peut rien câest comme cela. Tout cela se mesure prĂ©cisĂ©ment. Or, notre corps est comme le monocoque de cette photo, ses dimensions imposent un pilotage particulier. Chacun son mode dâemploi et pour autant piloter un bateau respecte les mĂȘmes bases : Des voiles, une quille, une barre, un cap⊠et du vent. A partir de lĂ toutes les combinaisons de la vie sâoffrent Ă nous.
Une histoire de voile â”ïž
La sensibilitĂ© au monde reprĂ©sente notre propension Ă rĂ©agir face Ă un Ă©vĂ©nement. LâhypersensibilitĂ© câest comme avoir de grandes voiles. Au moindre pet de vent tout de suite ça pousse. Or, contrairement Ă ces esquifs de bois, il ne nous est possible de baisser les voiles de notre perception. Reconnaitre cela, câest aussi accepter que les moindres choses nous touchent ; la moindre brise nous fait de lâeffet. Câest comme cela, mais ce nâest pas une fatalitĂ© ni une faiblesse. En revanche nier cela câest parfois naviguer vent de face, en pleine tempĂȘte, au risque dâen casser le mat. Connaitre et accepter sa sensibilitĂ©, plutĂŽt que de la nier, câest apprendre Ă Ă©voluer dans des environnements moins dĂ©stabilisants. Mais que faire si le mistral fait rage et risque de tout emporter ? Que faire lorsque lâon nâa pas le choix de traverser un moment Ă©motionnellement fort ?
Une histoire de quille, une histoire dâancre âïž
En effet, avoir des grandes voiles ne pose pas de problĂšme si nous avons une quille importante et proportionnĂ©e, dimensionnĂ©e. Plus nous sommes ancrĂ©s au moins nous prenons le risque de dessaler. Lâancrage peut se rĂ©aliser par la prise en compte de nos besoins fondamentaux (manger dormir se reposer), en apprenant Ă se mettre dans des endroits « bulle » oĂč lâon peut se ressourcer, ou encore Ă savoir sâancrer dans lâinstant prĂ©sent. Cette quille de lâĂąme permet alors de contrebalancer cette sensibilitĂ© et fait en sorte que, malgrĂ© les vents aussi puissants, aussi torturĂ©s soient-ils, on tient bon. Car les Bretons ne me diront pas le contraire « ça va passer ». Alors on attend ? Oui mais on peut aussi louvoyer, mĂȘme face au vent, lĂ est lâexpĂ©rience du marin.
Pour en savoir plus sur l’ancrage, lire ceci
ou Ă©couter ceci
S’installer dans l’instant prĂ©sent
Une histoire de barre đ
Heureusement, ce bateau possĂšde une barre quâil faut savoir tenir et manĆuvrer. Or, une fois de plus, nous nâavons pas tous les mĂȘmes compĂ©tences pour piloter notre bicoque et une fois de plus, cela sâacquiert.
Mais, plus quâapprendre Ă naviguer, il y a surtout ne pas lĂącher la barre. Lorsque lâon navigue sur une barque, il est possible de flĂąner et de se laisser aller au grĂ© des vents mais lorsque lâon a entre les mains un catamaran de 37 mĂštres, mieux vaut toujours garder la main sur le gouvernail. A 50 nĆuds Ă lâheure pas question de se laisser aller ! Avoir un corps hypersensible, un cerveau qui turbine, nĂ©cessite de sâen occuper plus souvent. Ainsi, plus le bateau est grand, plus les voiles sont larges, plus il faut se concentrer sur le pilotage. Plus il faut aussi regarder sa carte.
Une histoire de cap đ§
Enfin, jâaime citer cette phrase « nul vent nâest profitable Ă celui qui ne sait pas oĂč il va ». Sans direction de vie, sans sens, aucun bateau nâatteint son port. LĂ encore avoir un bateau qui file Ă toute vitesse nĂ©cessite plus quâun autre de savoir oĂč il va. La question du sens se pose bien plus prĂ©cisĂ©ment et avec bien plus dâacuitĂ© lorsque le vent nous pousse Ă tout va. Chercher et surtout trouver un sens Ă sa vie, un sens aux choses, un sens au monde ( !) est impĂ©ratif !
Ainsi nous sommes tous similaires tous issus de la race humaine. Nous avons tous une coque, une ou plusieurs voiles, une quille, une barre et enfin un cap Ă tenir. Les diffĂ©rences entre HPI, surdouĂ©s, hypersensibles (et autres) ne sont pas tant des diffĂ©rences en termes dâespĂšces (donc de catĂ©gories dâĂȘtre humain) mais bel et bien des particularitĂ©s qui nĂ©cessitent dâĂȘtre prises en compte.
Et ce nâest pas parce que vous avez un catamaran que vous ne naviguerez mieux, ni parce que vous avez une barque que vous galĂšrerez tant. Tout dĂ©pend de votre navigation, ce que nous venons de voir. Tout dĂ©pend aussi du contexte. Une barque câest super chouette pour explorer les rivages, lĂ oĂč un catamaran est bien utile pour traverser les ocĂ©ans. A lâinverse, prendre un cata pour explorer les rivages Ă faible allure ou une barque pour rejoindre les iles devient beaucoup plus compliquĂ©.
Pour en savoir plus sur savoir donner du sens Ă sa vie : lire
Ceci
et Ă©coutez ceci
Apprendre Ă se connaitre, apprendre Ă naviguer âïž.Â
Voici comment on peut respecter la diversitĂ© du vivant, pas tous les mĂȘmes, tout en respectant son unicitĂ©, tous dans le mĂȘme bain
Bonne semaine,
Yannick đ€