Psycho-Savoirs

Qu’est-ce que la compassion pour l’autre et pour soi?

Un petit garçon joue dans un parc sous les yeux de sa mère. Fais attention lui dit-elle, tu vas tomber! Le garçon obtempère un instant puis retourne près du portique qui a attiré son attention précédemment. Ne monte pas tu vas tomber je te dis! Las, le minot est déjà grimpé sur le jeu de plein air. L’enfant monte donc sous les cris réprobateurs de sa mère ‘tu vas te faire mal! » et tombe. L’enfant pleure, la mère le réprimande « je t’avais dit de pas monter, tu es bon à rien! ». Et l’enfant de pleurer encore et encore de douleur physique ou de douleur morale.

 

 

Ceci est une façon de voir, en voici une autre…

 
Un petit garçon joue dans un parc sous les yeux de sa mère. Tu peux jouer mais fais attention lui dit-elle. Le garçon ne se fait pas prier et part à l’assaut de la pyramide de corde. Bravo! Mais ne monte pas trop haut tu risquerais de tomber.
Le petit succombe à la tentation, monte un peu plus et tombe sur les genoux. La mère se précipite à ses côtés, le prend dans ses bras et le caresse jusqu’à ce que les pleurs cessent. Elle finit par dire « c’est bien, tu as tenté, la prochaine fois tu réussiras sans tomber »
 
 
 

Bonjour à tous, ce mois-ci : la compassion

 
 
 
Quel enfant aimeriez vous être, quel enfant avez-vous été? Quel parent, collègue, professeur ou dirigeant êtes-vous?
 
Ces deux situations représentent deux façons de réagir et d’agir. L’une est dans le jugement, l’insensibilité, l’autre est dans la compassion, l’empathie et la gratification.
 
Selon vous, laquelle des deux attitudes sera la plus efficace, et permettra à cet enfant d’évoluer en sécurité?
 
Bien évidemment sur le papier nous préférerions tous réagir de la seconde manière. Mais parfois certaines choses nous en empêchent. Pourquoi? Comment? C’est ce que je me propose d’explorer avec vous (y répondre serait bien sûr prétentieux!).
 
 

Qu’est-ce que la compassion?

  
Sans m’étendre, la compassion est une vertu, un sentiment, qui consiste à avoir la capacité à percevoir la souffrance de l’autre et l’envie d’y remédier. Rousseau pense par ailleurs que cette faculté est naturelle chez l’homme. 
 
Nous sommes donc tous doués de compassion et de pitié, à des degrés divers sans pour autant l’exercer ! Malgré tout, la douleur des autres nous touche, les pleurs d’une petite fille nous émeuvent, et peu d’entre nous ne ressentent pas l’envie d’aider.
 
 
 
 

Or, dans notre culture la compassion a dévié vers une pitié négative, un apitoiement. En effet, mais le jugement aide-t-il à s’en sortir?

Voici une petite fable qui peut peut être nous éclairer
Un petit garçon avait mauvais caractère son père lui donna un paquet de clous et lui dit que chaque fois qu’il se mettrait en colère, il devrait planter un clou dans la clôture. Le premier jour, le petit garçon en avant planté 37. Et cela diminua graduellement. Il découvrit qu’il était plus facile de se mettre en colère que de planter des clous dans la clôture.

Finalement, vient le jour où le petit garçon ne se mit plus du tout en colère. Il en informa son père qui lui demanda d’arracher un clou pour chaque bonne action, chaque excuse qu’il aura présenté. Les jours passèrent et finalement le jeune garçon fut à même de dire à son père que tous les clous étaient arrachés. 

Réparation mais…


Le père prit son fils par la main et le conduisit jusqu’à la clôture:
– PARFAIT, mon fils, mais regarde les trous que les clous ont laissés dans la clôture. Cette clôture ne sera jamais plus la même. Quand tu dis des paroles sous le coup de la colère, elles laissent des cicatrices, tout comme ici, tu peux poignarder quelqu’un et puis retirer ton couteau. Peu importe le nombre de foi que tu diras: je le regrette, la blessure, est toujours là. Une blessure verbale n’est pas moins grave qu’une blessure physique.
Pensez-y bien, il en est de même concernant les blessures envers soi-même…. nous le verrons plus loin.
Observons alors peut être une solution qui fonctionne en dépit des idées reçues.

La compassion c’est bon?

 
 
Que se passerait-il si nous laissions notre compassion naturelle s’exprimer? Nous pourrions entendre la souffrance de l’autre sans verser dans le voyeurisme ni dans l’excès, le comprendre et l’aider au mieux. Accueillir la parole de l’autre sans juger ni blâmer n’est pas le boulot réservé du psy.
 
Qu’en serait-il si nous pratiquions tous cela? Une meilleure santé. En effet quand David Mc Culland, psychologue de Harvard a montré à un groupe d’étudiants un film sur le travail de Mère Teresa auprès des malades et pauvres de Calcutta, les étudiants ont admis que le film avait éveillé en eux des sentiments de compassion.
Après quoi, l’analyse de leur salive a révélé une augmentation du taux immunoglobuline A, un anti corps qui aide à combattre les infections respiratoires.
 
D’autres études scientifiques ont montré que participer régulièrement à des missions bénévoles, agir auprès des autres avec chaleur et compassion augmente nettement l’espérance de vie et la vitalité en générale.
Par ailleurs, venir en aide à l’autre induit un sentiment de bonheur, apaise l’esprit et atténue la dépression….
 
Cette pensée est résumée par ce que l’on appelle la règle d’or en éthique soit….
 
 

Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse.

 
 
 
 
Mais que l’on pourrait aussi retrouver chez Chamfort avec…

« Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi, ni à personne, voilà je crois, toute la morale »
 
 

Et la compassion vers soi-même?

 
Cette question est en fait le cœur de cet article. En effet, dans la lignée de l’article sur la gestion des pensées et de la mésestime de soi (Je pense donc je fuis, comment gérer ses pensées), la question est ici d’observer la façon dont nous nous parlons, nous nous considérons mais aussi la façon dont nous accueillons nos difficultés, nos échecs, notre souffrance.
 
Exemple:
Julie est une femme de 35 ans et est depuis toujours très voire trop exigeante avec elle-même. A chaque fois qu’elle échoue on peut l’entendre se dire « tu es vraiment nulle », « tu n’y arriveras jamais » et même « tu ne vaux vraiment rien » ce qui a terme à peu à peu érodé sa confiance en elle-même.
Ceci jusqu’à ce moment où, pressée par le travail, elle a commis une erreur qui a couté un contrat à son entreprise et l’a entrainée vers une dépression.  Autant ses pensées étaient auparavant des manières de se motiver « un coup de fouet » comme elle le définit, autant maintenant ses pensées prennent toute la place.
Le plus dur selon elle est qu’elle n’accepte pas de souffrir et ne trouve pas normal d’être fatiguée du soir au matin et se juge d’une manière excessive. Julie se rend malade d’être malade

Malade d’être malade

 
Cet exemple est typique d’une attitude opposée à la compassion vers soi, un refus de sa souffrance et un jugement excessif de soi-même.
 
J’ai souvent eu l’occasion de travailler avec mes patients ce type de comportement et ai pu récemment échanger avec une de mes patientes passionnée par son cheval.
  • Lui diriez-vous ce que vous vous dites lorsque vous ratez?
  • Non! bien sûr que non! Je l’encourage
  • Et vous diriez-vous cela?
  • Non, parce que se dire que l’on va y arriver c’est prétentieux,que nous sommes une bonne personne (comme un bon cheval) accepter ses difficultés c’est s’apitoyer sur son sort
  • Et ça marche pour vous cela?
  • Ben Non.
La question n’est pas de débattre sur la raison de cette stratégie mais bel et bien sur son efficacité.
 

JUGEMENT VS COMPASSION

Pourquoi tordre le coup au jugement et pourquoi promouvoir la compassion, la réponse est dans cette vidéo… attention elle pique un peu… mais s’il faut encore cela pour vous convaincre des dégâts du jugement de soi…

 Alors bien sur, vous ne parleriez plus à vos enfant de cette manière (encore que cela est encore d’actualité) mais qu’en est-il de la façon dont vous vous jugez? Que tourne-il dans votre tête lorsque vous échouez ou vous jugez? Un peu comme dans cette vidéo.

Alors, si vous êtes un.e habitué.e de ce blog vous saurez que l’on ne peut malheureusement pas enlever ces pensées mais plutôt s’en distancier. Rien ne nous empêche de faire une mise à jour du système en ajoutant cette fois-ci des pensées et des attitudes compatissantes envers nous même, tellement plus 2018 que 1948! 

 
 
La question est alors, qu’est ce qui nous en empêche? La réponse est en nous….
 
 
 
  Pour terminer d’enfoncer le clou vers une attitude plus compatissante envers nous-même ou autrui : Il est important de savoir comment nous apprenons la majeur partie de nos comportements : par l’observation, par l’imitation. En adoptant une conduite d’auto dépréciation, de jugement, quel exemple donnons nous aux gens qui nous entourent, nos enfants? Souhaiteriez vous transmettre cela?
  
                                                      

Fais toi à toi même ce que tu aimerais faire aux autres.

 
 

Un exercice d’auto compassion?

Fermez les yeux et imaginez une situation pour laquelle vous culpabilisez. Visualisez vous en train d’agir comme si vous étiez derrière vous même. Deux choses suivent ensuite:

1- En visualisant la scène, pensez-vous que la personne que vous étiez à ce moment et avec la connaissance de la situation pouvait choisir de faire autrement? Avait-elle pleinement conscience des conséquences?

2- Quelle phrase la plus bienveillante et compassionnelle pourriez-vous lui chuchoter à l’oreille qui puisse la réconforter et l’aider à avancer? 

   

Pour cheminer encore un peu plus vous pouvez lire cet article qui peut vous aider à mieux gérer le jugement de soi..gérer la culpabilité et .Mieux gérer ses ressentis intérieurs
ou celui-ci sur les bienfaits de la psychologie positive Avec mon psy je positive
  
S’il vous reste un peu d’espace de cerveau disponible je ne résiste pas à l’envie de vous faire partager cette excellente publicité. Pas besoin de casque de réalité virtuelle pour s’encourager et pratiquer la compassion vous avez tout ce qu’il faut, de la tendresse et quelques mots; c’est tout.

Ainsi, les mots soignent aussi, les mots nous font également grandir. La compassion, la psychologie positive nous montrent un chemin bien plus efficient humainement et socialement.

On peut, tel un arbre, grandir et pousser face aux bourrasques et autres vents mauvais. On peut également s’élever grâce à un peu d’eau et de soleil.
A bientôt
Yannick
 
 

Psychologue aux multiples influences je base ma pratique de prise en soin sur la thérapie d'acceptation et d’engagement, la psychologie positive ainsi que les thérapies cognitivo-comportementales. En institution, en cabinet de ville, en formation professionnelle ou encore en tant que Blogueur ma vision de la personne en souffrance est bien celle d'une personne non pas "malade" mais plutôt "coincée": En devenir. C'est ainsi à travers une pratique mêlant psychologie, philosophie, humour et métaphores que je voue mon activité professionnelle à aider la personne à avancer vers ce qui compte pour elle.

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