Nina Simone, « savoir ce que ça fait d’être libre »
Bonjour à tous,
Il y a longtemps, j’avais débuté une série de posts sur le thème « Ce que le jour doit à la nuit » pour reprendre un titre de livre de Yasmina Kahdra. Le but ? Incarner la citation de Nietzsche « ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ». Tout ceci en mettant en lumière des génies qui ont fait de leur noirceur une fureur de vivre, une occasion de surclasser le sort. Des exemples à suivre, des exemples pour faire fuir la résignation. Paraphrasons notre Président, « les lumières ne s’éteignent jamais », elles repoussent l’obscure obscurantisme depuis toujours et pour toujours.
Non, la vie n’est pas juste elle n’a pas vertu à l’être. Telle coule la tragédie grecque. Les évènements, quels qu’ils soient, ont être pris « en l’état », chaque chose utilisée à son propre dessein. Nous n’avons pas le pouvoir sur ce qui nous arrive mais bien un devoir sur ce que nous en faisons. Prenons exemple sur celles et ceux qui, tels des étoiles, filent et fendent les ciels des noirâtres idées.
Nina Simone est de cette trempe. Artiste « féminine et noire », dans une époque où ces particularités n’étaient pas un avantage pour réussir dans la vie. Bel euphémisme. Née dans une famille de musiciens et lovée dans des rêves de musique classique, elle fut refusée au concourt de l’Institut Curtis de Philadelphie parce que noire, et « citoyenne de seconde zone ». De cette déflagration qui a failli ruiner sa vie, son rêve et ses espoirs, elle prononcera par la suite cette phrase « Je serai Nina Simone !». En transcendant ses mutilations grâce à la musique, elle offre au monde un des plus beaux exemples de résilience auxquels ces posts rendent hommage.
J’aurais pu vous partager des titres magnifiques comme « my baby just cares for me » ou « feeling good ». Certes. Mais, en ces temps de contritions des corps et de nos opinions, j’aimerais partager avec vous ce titre « I Wish I Knew (How It Would Feel To Be Free), magnifiquement interprété dans un live de 1976 au Festival de jazz de Montreux.
Ce morceau commence au son d’une douce mélodie, aussi sucrée que les rêves d’une enfant. Aussi magnifique qu’une lettre au Père Noël
» J’aimerais savoir comment
Ce serait de se sentir libre «
Puis, le ton monte crescendo, pour finir (à 5’30) avec une rage, un espoir, un coup de tonnerre d’une enfant devenue adulte et refusant la fatalité.
« Alors je chanterai parce que je sais
Je saurais ce que ça fait
Oh je sais ce que ça fait d’être libre »
L’enfant est bel bien toujours là malgré le poids des injustices. Comme Nietzsche nous y invite dans ses trois métamorphoses, le chameau s’est extrait du poids des règles. Et après avoir dit non, tel le lion roi de son monde, se mue en enfant pour toucher du doigt l’étoile polaire de ses rêves. Chanter.
Visez un peu son regard à ce moment-là et vous comprendrez que cette rage, cette injustice est cette énergie dont se nourrit Nina Simone pour nous offrir le meilleur d’elle-même.
Que cette femme nous serve aussi d’exemple, chantez, dansez, écrivez, rêvez, c‘est encore et ce sera toujours possible, confiné ou pas,
Bonne semaine à vous,
Yannick
Voici les paroles…. N’hésitez pas à les traduire en Français c’est un bijou.
I wish I knew how It would feel to be free
I wish I could break All the chains holding me
I wish I could say All the things that I should say Say ’em loud, say ’em clear For the whole round world to hear
I wish I could share All the love that’s in my heart Remove all the bars That keep us apart
I wish you could know What it means to be me Then you’d see and agree That every man should be free I wish
I could give All I’m longin’ to give
I wish I could live Like I’m longin’ to live
I wish I could do All the things that I can do And though I’m way over due I’d be starting anew Well
I wish I could be Like a bird in the sky How sweet it would be If I found I could fly Oh I’d soar to the sun And look down at the sea
Then I’d sing ’cause I know, yea
Then I’d sing ’cause I know, yea
Then I’d sing ’cause I know I’d know how it feels
Oh I know how it feels to be free Yea yea!
Oh, I know how it feels
Yes I know, oh, I know How it feels How it feels
To be free, Lord, Lord, Lord