Cette histoire pourrait-être aussi la vôtre 1/4 : La résilience
Un livre c’est comme donner naissance à un enfant, il y a le désir, la procréation et enfin la naissance. D’ici le 10 novembre, je vous emmène en backstage et, plutôt que « comment on fait les bébés », ce sera « comment j’ai écrit ce livre ». En effet, cette idée m’est venue après la remarque d’une personne : « je ne sais pas comment vous faites ». Ce je ne sais pas comment vous faites m’a donné un sentiment contrasté, notamment celui d’être pris comme un extra terrestre générant chez l’autre un « je n’arriverai jamais à faire comme vous ».
Or, le meilleur moyen d’aider le plus grand nombre étant de le faire par l’exemple, j’aimerais donner à chacun d’entre vous le désir de réaliser son rêve et dépasser cette croyance limitante « je n’y arriverai jamais ». Cette histoire pourrait aussi être la votre. Et, pour cette première chronique, j’aimerais vous entretenir de la vertu de persévérance. Se laisser être Soi.
Au départ, « Ce n’était pas gagné »
Proposé au redoublement durant à peu près toute ma scolarité, je n’aimais pas travailler. Seulement jouer, m’amuser, découvrir, apprendre et comprendre. Et quand on ne travaille pas, pas de chocolat, le bonnet d’âne en supplément.
Ensevelie sous une chape de béton éducative, cette folie de la vie ne s’en est pas pour autant éteinte. Non, sans jamais lâcher l’idée de s’amuser, cette fleur de vie a repoussé malgré les découragements manifestes et les « tu n‘y arriveras jamais ». Et pourtant je n’ai rien fait, non, les choses sont advenues d’elles-mêmes car si je m’étais décidé à « faire quoi que ce soit » ma vieille pensée, maintenant incarnée, « tu n’y arriveras jamais », m’en aurait certainement empêché. Non, malgré moi, la poésie et l’amour des pourquoi ont patiemment tracé leur chemin. Lorsque l’on sème on finit par pousser.
Deviens ce que tu es
Cette invitation de Pindare nous rappelle que l’on ne peut se prendre pour autre personne que soi, les autres sont déjà pris. Un chêne ne peut se faire roseau, or à se hâter d’être on se perd également, à vouloir forcer le destin, on en chute d’autant plus vite. Laisser advenir.
Ce n’était pas gagné mais, à force d’écouter les bonnes personnes, d’accepter de se laisser arroser d’amour et d’encouragements, on laisse ce Soi pousser pour enfin percer cette dalle de béton, prendre la lumière et s’épanouir.
Ce livre a commencé à être écrit il y a 32 ans, et, telle une rivière qui parfois quitte la surface pour les profondeurs, à s’en croire oubliée, elle refaisait surface de temps à autres. L’écriture a toujours été là sans même que je la voie (manuel d’étudiant, gazette et autres newsletters). Mais la source de ce courant d’eau remonte à la création du blog entrepris sur les conseils d’une amie suite à cette phrase « plutôt que de râler écrit un blog ». Le défi est bien à la base de jeu, chiche…10 ans plus tard, ce blog est encore là et a servi de matrice à ce premier écrit.
Mais à quel moment on décide d’écrire un livre ? Sur un nouveau conseil d’un ami, à qui je parlais de ma passion pour la psychologie et du fait que tout avait été déjà écrit (sur l’ACT), il m’a dit « oui certes mais personne ne le dira comme tu le dis, car personne n’est toi », chaque regard compte pour découvrir les facettes de l’âme humaine. Un autre défi, une autre occasion de devenir Soi.
Même pas cap ?
Le 1er mai 2019 je me suis retrouvé nez à nez avec mon ego… qui, ce jour-là, ne rigolait pas. Pris d’une alourdissante gravité et d’assourdissantes pensées, j’ai difficilement commencé à écrire. Et quelques mois plus tard, après avoir soumis à mon entourage ce premier travail, tel un chien qui, les oreilles baissées, le regard bas, attend l’approbation de son maître, le couperet tombe : « ce n’est pas toi » ; « on ne comprend rien ». Ego en miette, âme en peine, Mme Relou ne me loupe pas elle aussi : « tu n’y arriveras pas ».
Et pour cause.
Et pour cause j’avais tenté d’écrire comme quelqu’un que je n’étais pas, comme quelqu’un qui a peur de ne pas être pris au sérieux et qui force le trait et complique le message, confondant complexité et compétence. J’avais cherché à travailler, j’avais cherché à me prendre au sérieux. J’avais oublié de jouer, d’apprendre. J’avais oublié le plaisir.
J’ai ainsi remis mille fois le cœur à l’ouvrage avec pour seul hymne celui de la joie et du plaisir. Un an plus tard, un premier manuscrit sortait de l’imprimante. Et là, là, la musique n’était plus la même. En effet, ce qui résonnait dans le cœur des personnes qui m’ont lu à ce moment c’était « ça, ça c’est vraiment toi ».
« Yes We did it » Dora L’exploratrice
Tomber, rebondir, se relever, grandir
L’heure était venue de trouver un éditeur et là, devinez la phrase qui a pu résonner, quand après quelques dizaines de refus, et même après avoir cru, durant une année, qu’un éditeur m’avait accordé son Salut avant de se rétracter, devinez quelle phrase ressortait du fond de mes entrailles ? « Tu ne vas pas y arriver ». Désespoir, abattement mais point de renoncement.
En effet, quand une plante se laisse couper la tête, celle-ci repousse de plus belle. Tel est la force de la vie. Persévérance et résilience
Et, au détour d’une librairie de vacances perdue au fin fond de la fin de terre Finistérienne, niché au rayon psychologie (quand on est passionné…), je saisis un livre et là c’est bien le corps qui a résonné et m’a dit « coco, Yeah elle est cool cette édition » au toucher granuleux et titre accrocheur. Je tombe sur ce livre « Le Droit dans la saga Harry Potter » et cet éditeur, Enrick B, dont la devise est « agitateur de neurones ». Guidé par ce corps, j’envoie un mail, réponse immédiate « envoyez moi votre manuscrit », quatre jours plus tard, Enrick Barbillon accepte d’éditer ce manuscrit et, après nos présentations respectives, j’ai compris pourquoi : lui aussi aimait jouer, apprendre.
Let’s play tonight
Et là, je peux vous dire que le « tu n’y arriveras jamais » était penaud, calé au fond de ma tête à se faire petit. J’y étais arrivé mais pas par le chemin prévu, à force de labeur, de dur travail et de rigueur. Non je n’étais pas cet autre, j’y suis arrivé en respectant mon essence, en respectant la plante que j’étais : jouer, s’amuser, apprendre et comprendre. Ce que je continue de faire jour après jour.
Mais chacun à sa façon de faire, chacun possède son mode d’emploi, reste à l’accepter et le pratiquer. Ce n’était pas gagné certes, surtout pas gagné d’y arriver sans soi et à se prendre pour un autre.
Persévérance, résilience, acceptation et respect de soi mais, comme nous le verrons dans la prochaine chronique, les choses adviennent d’elles mêmes mais jamais toutes seules.. Ecrire un livre c’est un produit collectif,
A la semaine prochaine pour la suite de l’histoire,
Yannick